Depuis la chute de l’Ancien Régime, tout les tunisiens
s’accordent pour reconnaître le rôle de l’intellectuel dans la mise en question
des clichés et des représentations stéréotypées qu’entretiennent et projettent dangereusement
la nouvelle « culture » du néo-djihadisme. Néanmoins, une série de
question s’impose pour mieux comprendre le rôle de cette intelligentsia sur le
forum public. Ainsi, faut-il toujours que l’intellectuel adopte
une position critique vis-à-vis de son quotidien politique ? Faut-il que l’universitaire
s’oppose à l’hégémonie idéologique ? Faut-il que le savant choisisse le camp
des minorités, des opprimés, des victimes et, ce faisant, fasse non seulement
des responsabilités qui sont le lot de ces minorités, de ces opprimés, et de
ces victimes, mais aussi de leur capacité et de leur volonté de se débrouiller
tout seuls sans son aide bienveillante ? L’intellectuel tunisien fait-il face à
des situations toujours si claires et si tranchées que ses propres choix
politiques et ses responsabilités personnelles pèsent peu dans la balance ?
Faut-il que cet intellectuel soit moralement bon et se range toujours, sinon du
côté des « anges », du moins du côté du progrès?
Cette série de questions de type rhétoriques affleure à l’esprit
maintenant que se dessine devant nous le nouveau paysage politique de la deuxième
république tunisienne. Et pourtant ces questions sont en réalité anciennes et
pas seulement rhétoriques puisqu’elles sont déjà posées, par des universitaires
tunisiens, depuis les débuts des 70. Toutefois, cette vieille problématique,
toujours en renouveau, doit être redéfinie dans le but de surmonter notre
retard civilisationnel et culturel par une réflexion sociopolitique méthodique
et approfondie. C’est pourquoi, on peut dire que la question du devenir démocratique
en Tunisie est loin d’être tranchée surtout que la terreur de l’Attaque de Bardo sonna
l’alarme de réveil, pour toute la société. Sur cet arrière-fond, la question immédiate
qui se présente à l’intellectuel est de savoir si nous allons devoir révolutionner
nos systèmes éducatifs pour préparer le terrain à une révolution de type
culturelle cette fois-ci ?