Le concept
de l’État de droit a fait l’objet d’usages
multiples depuis la Révolution Tunisienne. Ce concept est miné par des
incertitudes quant à la détermination de son contenu. En effet, à partir de la
chute de la dictature, le concept devint un élément du discours politique
opposé au totalitarisme et au régime à parti unique et il commence à acquérir
une vocation politico-culturelle puisqu’il fait partie intégrante du patrimoine
des lumières qui répond aux exigences de la nouvelle époque.
Omniprésent
dans le discours politique dans la Tunisie postrévolutionnaire, l’État de droit
est devenu l’un des mots passe partout qui recouvre des significations variées
selon les situations, or à force de trop servir, les mots finissent par s’user
et par perdre de leur puissance évocatrice. Cette insertion de l’État de droit
dans le discours officiel et semi-officiel des politiciens semble être une
manière d’être au diapason d’un environnement social de plus en plus sensible
aux questions de la démocratie, des libertés et des séparations des pouvoirs. Néanmoins, s’il est un concept récurrent, dans
la vie politique tunisienne postrévolutionnaire, le concept de l’État de droit
(Rule of Law) demeure incertain au
niveau de la pratique, ce qui nous amène à parler des définitions incomplètes, des
expositions imparfaites et des approximations. Au départ le théoricien procède par dérivation en appliquant les lois de la logique. Il est de plus en
plus courant, dans le cas de pays qui sort d’un régime autoritaire, comme le cas de
la Tunisie, de créer une commission de vérité appelée à siéger pendant la
période post-transition immédiate pour préparer le terrain à la création d’un
nouveau climat socio-politique favorable à la notion de l’État de droit. Ces commissions
qui sont des organismes d’enquête officiellement approuvés, à caractère temporaire
et non judiciaire, se voient attribuer un laps de temps relativement court pour
recueillir des dépositions, mener des enquêtes, faire des recherches, avant de
terminer leur tâche par la publication d’un rapport final qui se veut comme un essai d’explication du passé; participant ainsi à créer une
nouvelle conscience citoyenne. Tel qu’indiqué ci-dessous, cette réconciliation avec nous même est en un des instruments nécessaires pour construire les « infrastructures
de bases » pour une démocratie solide et pour un État de droit qui
affirme la distinction des trois pouvoirs dont le but de créer un climat socio-politique
pluraliste, démocratique et ouvert à tous les tunisiens.
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