Alors
que l’État a été un instrument décisif de la réussite économique
des tigres asiatiques dès le milieu du 20ème siècle, ce même État est
une des causes de la stagnation économique d’une bonne partie des pays du monde
arabe. Comment et pour quelles raisons en est-il ainsi ? En effet, le développement économique
dans ces pays pèse d’un poids beaucoup plus lourd que par le passé sur les
institutions politiques ; et il ne s’agit pas seulement de savoir quel
ensemble précis de politiques économiques est capable d’être efficace dans tel
ou tel pays. L’examen du poids des exportations, les arguments pour ou contre
le soutien de la petite agriculture paysanne, ou le degré de recours à l’investissement direct de l’étranger,
est bien entendu instructif et nécessaire. Mais reste tout de même une question
fondamentale : dans quelle mesure le
contexte politique et administratif, indépendamment de tout choix politique,
est-il favorable au développement économique dans cette région ? Assurément, le développement implique une condition préliminaire, à savoir que l’État favorise un cadre
général sociopolitique et juridique stimulant les rapports de marché. L’investissement
se trouve ainsi encouragé si son environnement
est bien celui de la défense de la propriété et de la prévision ; à son tour, cette situation implique la
stabilité politique et un minimum d’harmonie sociale. Sans de telles
conditions, les investisseurs ne peuvent pas escompter de bénéfices futurs pour
un investissement présent. Un code juridique qui protège les droits des propriétaires
et qui puisse être respecté officiellement est un autre impératif. Un tel code doit évidemment susciter et
protéger un marché national et unifié, en limitant ou éliminant les pouvoirs de
taxation des autorités locales. Il doit aussi être capable d’encourager un
système d’imposition stable et rationnel, favorable à l’investissement. Et en plus de ça, la
protection des petites propriétés par l’État est également vitale. Mais les États
du « printemps arabe » doivent aussi créer et entretenir toute une série
de décisions qui permettent le relancement économique. Ainsi, les services qui facilitent
directement la production constituent une de ces conditions. Certains de ces services
publics aident indirectement le secteur productif grâce à la formation d’une main-d’œuvre qualifiée et motivée. De
plus, à la lumière de l’expérience des tigres
asiatiques, le secteur public doit aussi intervenir directement par des
subventions ou des investissements dans des industries mais qui sont trop
incertaines pour attirer des investisseurs privés. Ce recours au « self-organisation » est
certainement une adaptation créatrice à une situation difficile, mais est-ce trop espérer que de
croire qu’à la suite d’une crise du système étatique, puisse apparaître une
base autonome pour l’élaboration de structures politiques et économiques
organiques plus satisfaisantes ?
mardi 30 septembre 2014
vendredi 19 septembre 2014
Les élections présidentielles dans la Tunisie postrévolutionnaire et le triomphe de la volonté populaire
S’essayer à une typologie des candidats à la
présidence de la deuxième république tunisienne est un exercice à la fois
nécessaire, ambitieux, mais aussi délicat. Nécessaire, car si tous les tunisien(ne)s,
titulaires de leurs droits civils et politiques, ont la faculté de se présenter
à la magistrature suprême les contraintes politiques de la candidature en
réduisent le nombre à quelques dizaines. Seuls quelques « privilégiés » sont en
position politique de briguer les suffrages des électeurs. Ainsi, s’interroger
sur les différents profils des présidentiables peut être un moyen de mieux
appréhender la centralité de l’élection directe du prochain président de la Tunisie
postrévolutionnaire. En effet, le contexte géopolitique actuel est une donnée perturbante
pour établir une sorte de nomenclature des candidats, sans compter les facteurs
conjoncturels et ceux tenant à la personnalité des candidats. Délicat enfin,
car toute classification suppose des critères permanents pour une comparaison
pertinente et au préalable implique de s’accorder sur une définition précise du
candidat à l’élection présidentielle. Comme
tous « les espoirs », ces candidats ne peuvent prétendre jouer les
premiers rôles immédiatement. Ils témoignent de nouvelles aspirations de la
société tunisienne et ils symbolisent l’espoir d’une société nouvelle, assise
sur des fondements différents mais pas toujours novateurs et souvent
irréalistes. Ils agrègent également sur leur nom les déçus d’une politique
donnée ou les mécontentements d’une frange des électeurs. Certains espoirs attirent
sur eux la sympathie par le charisme dégagé. L’on sait que la personnalité du
candidat est une variable essentielle dans le choix des électeurs. Ces
candidats peuvent compter sur cette première étape de l’élection présidentielle
pour capter un électorat volatile, dont l’opinion varie au gré des
circonstances et des contextes du moment. Pour cette raison, leurs résultats
électoraux seront loin d’être ridicules. Mais pour cette raison aussi, leur
audience est généralement fragile sur le long terme dès lors que leur combat
est monothématique. Seuls les candidats qui conservent les fondamentaux de leur
engagement, mais ne se laissent pas enfermer dans leurs revendications
principales, arrivent à pérenniser le mouvement politique qu’ils incarnent le
temps d’un rendez-vous électoral.
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