S’essayer à une typologie des candidats à la
présidence de la deuxième république tunisienne est un exercice à la fois
nécessaire, ambitieux, mais aussi délicat. Nécessaire, car si tous les tunisien(ne)s,
titulaires de leurs droits civils et politiques, ont la faculté de se présenter
à la magistrature suprême les contraintes politiques de la candidature en
réduisent le nombre à quelques dizaines. Seuls quelques « privilégiés » sont en
position politique de briguer les suffrages des électeurs. Ainsi, s’interroger
sur les différents profils des présidentiables peut être un moyen de mieux
appréhender la centralité de l’élection directe du prochain président de la Tunisie
postrévolutionnaire. En effet, le contexte géopolitique actuel est une donnée perturbante
pour établir une sorte de nomenclature des candidats, sans compter les facteurs
conjoncturels et ceux tenant à la personnalité des candidats. Délicat enfin,
car toute classification suppose des critères permanents pour une comparaison
pertinente et au préalable implique de s’accorder sur une définition précise du
candidat à l’élection présidentielle. Comme
tous « les espoirs », ces candidats ne peuvent prétendre jouer les
premiers rôles immédiatement. Ils témoignent de nouvelles aspirations de la
société tunisienne et ils symbolisent l’espoir d’une société nouvelle, assise
sur des fondements différents mais pas toujours novateurs et souvent
irréalistes. Ils agrègent également sur leur nom les déçus d’une politique
donnée ou les mécontentements d’une frange des électeurs. Certains espoirs attirent
sur eux la sympathie par le charisme dégagé. L’on sait que la personnalité du
candidat est une variable essentielle dans le choix des électeurs. Ces
candidats peuvent compter sur cette première étape de l’élection présidentielle
pour capter un électorat volatile, dont l’opinion varie au gré des
circonstances et des contextes du moment. Pour cette raison, leurs résultats
électoraux seront loin d’être ridicules. Mais pour cette raison aussi, leur
audience est généralement fragile sur le long terme dès lors que leur combat
est monothématique. Seuls les candidats qui conservent les fondamentaux de leur
engagement, mais ne se laissent pas enfermer dans leurs revendications
principales, arrivent à pérenniser le mouvement politique qu’ils incarnent le
temps d’un rendez-vous électoral.
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