La notion de
changer a joué un rôle de tout premier plan dans le grand questionnement qui
agite la Tunisie post-révolutionnaire. À observer le débat qui déroule actuellement
entre tunisiens, on est tenté de croire qu’une mutation profonde, peut-être l’équivalent
de ce qui s’est passé à la suite de l’indépendance, est en cours à ce moment même.
Cette mutation affecte en premier lieu la manière dont l’individu est conçu par
sa société. Le débat poussé parfois jusqu’à la caricature se répète quasi infiniment
depuis le 14 Janvier. Au niveau
lexicographique, la Tunisie est passée de « l’ère du changement béni » selon la terminologie des
apologètes de l’ancien régime à une réelle réflexion sur les manières de
promouvoir le développement et sur les mécanismes nécessaires pour sortir de l’impasse.
Les remises
en cause de quelques expériences économiques, opérées dans cette période,
cherchent inlassablement des solutions qui se veulent inspirés des acquis de la
révolution. Et pourtant, pour être ensevelie sous les décomptes de ce qui
apparaît aux yeux de beaucoup comme une trahison aux martyrs de la révolution
et à la philosophie révolutionnaire elle-même. Ainsi, la notion de changer, de rectifier
et d’améliorer se métamorphose pour constituer un des plus grands axes autour
duquel s’est bâtie tout le discours politique. Notion instituante et fondatrice
à plus d’un titre pour un pays qui commence à peine connaître le pluralisme et
la démocratie, et malgré la médiocrité des réalisations sur le terrain, ce
grand changement épistémologique au niveau du discours constitue pour les
tunisiens une véritable notion instauratrice, et un précieux support pour ne
pas oublier ceux qui se sont sacrifier pour nous faire débarrasser de l’autoritarisme
et de la dictature. Dans un raccourci saisissant, beaucoup de spécialistes
parlent d’assimiler la philosophie du changement révolutionnaire au niveau du
développement, car le problème économique reste d’actualité, et sans remonter
aux diagnostiques fournies par les principales sociétés de notation financière
comme Standard & poor’s, Moody’s et Fitch Rating, nous pouvons dire que les
défis économiques, financiers et bancaires restent encore à relever.
En effet, l’une
des marques caractéristiques de la révolution tunisienne était d’appeler à l’instauration
d’un État démocratique qui respecte les droits de l’homme et garantie la
diversité au sein de son Agora. Les méthodes et les stratégies suivis pour la
réalisation de ces objectifs pouvaient différer par le haut ou par le bas selon
l’idéologie partisane mais leurs traductions en une réalité vécu reste encore très
loin. Avec le démantèlement de l’État
autoritaire, la nouvelle structure étatique devrait être pensée à la lumière
des valeurs universelle et fondée sur le rôle déterminant de la notion de l’État
de droit. L’inteligencia tunisienne doit commencer à penser les voies qui nous amènent
à la réalisation des objectifs de la révolution. Et il ne faut perdre de vue que
l’acte révolutionnaire est fondé sur les principes de la dignité humaine, de la
citoyenneté et de l’égalité. C’est pourquoi on peut dire que dans la conscience
tunisienne post révolutionnaire, l’État englobe la triple réponse démocratique,
économique et culturelle. Ces derniers points étaient perçus à travers le
prisme du quotidien et de l’intéressent dont
l’objectif sera l’instauration de la deuxième république.
L’ensemble
de tous les éléments que nous avons mis en exergue sur le plan diachronique,
autant que synchronique, nous impose de ne rien conclure trop vite et de
proposer une approche holistique de la complexité socio-politique de la Tunisie
post-révolutionnaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire