dimanche 24 mars 2013

L’éclat de la vérité





Depuis 2011 le monde arabe a été le théâtre d’une série d’événements qui ont provoqué de profonds changements, non seulement dans les méthodes de gouvernement, mais aussi dans tout le tissu culturel, et dont les conséquences se sont répercutées bien au-delà de la région. Depuis ce grand mouvement de masse, il y a eu un profond basculement et une nouvelle prise de conscience pour revendiquer une « coupure » avec la dictature, avec l’autoritarisme et avec le clientélisme féodal.  La mobilisation tunisienne a libéré des forces vives et des énergies insoupçonnées. De Tunis à Sana’a, en passant par Tripoli et Le Caire, des hommes et des femmes ont montré que le contrôle absolu des mouvements populaires était impossible. Un verrou est brisé dans l’inconscience collective arabe, et une nouvelle philosophie d’émancipation a formulé des idéaux innovants basés sur les principes de « liberté, égalité, dignité », qui se présentent comme une traduction des siècles des lumières, autrement dit comme un mouvement socio-intellectuel dont le but était de dépasser l'obscurantisme,  l’intolérance, le passéisme et de promouvoir les principes des droits de l’homme; de la citoyenneté et du patriotisme. Le moment est historique, et ces nouveaux principes ont une résonance qui va bien au-delà de la Tunisie ; c’est pourquoi le modèle tunisien a suscité un immense écho et exercé une énorme influence dans tout le monde arabe. Un intérêt analogue a été exprimé, sous une forme quelques peu différente, par des observateurs occidentaux. La Révolution tunisienne a eu aussi un impact énorme dans toutes les parties du monde avec lesquelles elle partage une philosophie commune. Pourtant, on provoquant un débat public et polymorphe sur la notion de l’individu, de l’État et de la politique, le mouvement révolutionnaire tunisien semble être l’enthousiasme de la liberté, de la vérité et de la vertu. La nouvelle figure de la société, qui s’est forgé après cette grande métamorphose, confirme cet esprit d’ouverture à l’universel et de quête de tolérance. Portés par l’idée de progrès, par la foi inébranlable dans la raison démocratique et la ferme croyance en la perfectibilité de l’individu, la Révolution a alors misé sur la réaction du terrain pour éclairer les tunisiens sur eux-mêmes et les inciter à prendre en courage leur destin. Ainsi, la pensée révolutionnaire cherche à affirmer l’existence d’une autonomie de la raison humaine. L’idée de cette autonomie va chercher à s’imposer avec un climat pluraliste, avec la cohabitation pacifique de toutes les idéologies politiques et avec la nécessité de penser « par soi-même ». 



mercredi 20 mars 2013

A la recherche de l’État de droit




S’il est un concept récurrent sur la scène politique tunisienne postrévolutionnaire, c’est celui de l’État de droit (Rule of Law, Rechtsstaat). Il est pourtant frappant de constater que le sens à donner à cette expression sur le terrain demeure incertain et les définitions variant au gré des convictions des politiciens. Le concept d’État de droit est d’abord un concept juridique qu’il revient à la théorie du droit de définir ; c’est pourquoi il important de rappeler les conditions épistémologiques d’une discipline dont la scientificité fut contestée aussitôt après que le juriste Hans Kelsen eût tenté d’en bâtir les fondements. L’originalité de la définition normative proposée réside dans sa dérivation même ; le contenu notionnel qui en est l’aboutissement est l’élaboration rigoureuse du régime que John Locke, par exemple, décrivait dans son « Traité du gouvernement civil ». L’originalité de la définition institutionnelle est plus forte, de même que sa mise en rapport avec l’aspect normatif. L’État de droit est défini comme format normatif et institutionnel, et comme instrument de réalisation de cette valeur qu’est la liberté individuelle dite constructive. En effet, la réflexion sur le droit comporte deux aspects : l’étude du droit comme technique (science ou théorie du droit) et l’étude du droit dans son rapport aux valeurs (ou philosophie du droit au sens strict). Une réflexion philosophique sur le droit ne peut faire l’économie d’une réflexion théorique préalable, car la théorie permet de déterminer les limites de ce que le droit, comme instrument, permet de réaliser. La logique propre du droit comme technique est la fonction des limites qui affectent l’action de l’homme sur son environnement ; ce qui implique nécessairement qu’une théorie du droit ne peut s’articuler qu’au départ d’une anthropologie. Autrement dit, la réflexion sur le droit ne peut éviter des concessions préliminaires. C’est en cela, et non dans l’immédiateté du rapport aux valeurs, que la réflexion sur le droit, même théorique, est importante dans notre contexte tunisien. Mais si elle veut prétendre à l’universalité, la théorie du droit se doit de cantonner ces concessions au strict minimum, et le théoricien du droit, ne pas tenter de les occulter, de manière à ce qu’elles puissent être critiquées. Si elle n’est pas encore assumée au niveau pratique, cette nécessité révolutionnaire est l’un des biens les mieux partagés par les théoriciens du droit.  Herbert Lionel Hart les désigne comme elementary truths, natural necessity, salient characteristics, truisms et encore the minimum content of Natural Law. Parmi ces « truismes », selon H. Hart, figurent la vulnérabilité humaine, les ressources limitées, l’altruisme limité. Randy Barnett parle lui des « données de la nature humaine et de la nature du monde dans lequel les humains vivent  ». Hans Kelsen lui-même n’échappe pas à cette logique tout au long de son exposé intitulé « Théorie pure du droit ».  Cette méthode s’exprime par des normes individuelles qui peuvent être conformes à des normes générales, ou ne pas l’être. Le respect de la métarègle (généralité des normes) par le pouvoir normatif général doit être contrôlé par des institutions distinctes et indépendantes de ce pouvoir. De même, les normes collectives doivent être édictées par des institutions distinctes et indépendantes du pouvoir normatif général afin de créer un nouveau climat basé sur la suprématie de la loi, la séparation des pouvoirs et sur la raison de l’État.   

lundi 18 mars 2013

THE HERO : A poem dedicated to Chokri Belaïd




I will carry my soul in my hand
And throw it in the valleys of death
It’s either a life that makes a friend happy
Or a death that makes an enemy angry
The noble man’s soul has two goals
To die or to achieve its dreams
When I speak, all the world listen
And my voice echoes among people
I see my death, but I rush to it
This is a death of a man… a real man… a great man
And whoever desires an honorable death
Then this is it
How am I patient with spiteful ?
And patient with all this pain ?
Is it because of fear ?
While life has no value to me !
I will throw my heart at my enemies’ faces
And my heart is iron and fire !
I will protect my land with edge of the sword
So my people will know that I’am the hero
 

vendredi 15 mars 2013

Sur les voies de la libération




Le mouvement révolutionnaire a permis à la Tunisie de sortir de sa léthargie, après plus de 20 ans de dictature et de résignation apparente. Maintenant, les citoyens tunisiens épris de liberté et de valeurs révolutionnaires sont devant un choix historique : faire réussir le passage vers une société démocratique et plurielle. Les jours se suivent et la pression populaire reste importante malgré que les tunisiens savaient que l’époque transitionnelle sera difficile au niveau économique et sociale. Cette problématique se pose avec plus d’acuité, lorsqu’on sait que ce n’est pas seulement la dictature qu’il faut simplement chasser, mais c’est une mentalité et un système fondé sur l’oligarchie et le clientélisme féodal. La restauration politique dans la Tunisie postrévolutionnaire doit être accompagnée d'une profonde décentralisation administrative et judiciaire et par l’installation d’une culture basée sur la notion de la démocratie participative pour renforcer la participation citoyenne dans les affaires publiques on se basant sur l'idée de l'« open gov ». Cette idée clé, est celle selon laquelle une décision politique est légitime lorsqu’elle procède de la délibération publique de citoyens égaux, ce qui peut approfondir l’échange discursif entre les citoyens et permettre de faire partager des conceptions du bien commun et de faire entrer en jeu le principe du pluralisme dans notre vie quotidienne et dans notre raison pratique. Suivant cette analyse, l’échange d’arguments est capable d’enrichir le débat social  et de faire apporter un gain de rationalité à la prise de décision finale. Les préférences des citoyens peuvent, à travers la discussion, s’affirmer ou se modifier selon le contexte ce qui nous amène à dire que les préférences deviennent plus réfléchies, à la fois dans le sens où elles sont exprimées devant d’autres citoyens qui par la possibilité d’y répondre par un « oui » ou par un « non » peut les renvoyer à leurs premiers émetteurs, et encore, par cet effort collectif de réflexion qui assure l’initiative personnelle du citoyen lui-même. Suivant cette logique, l’atmosphère pluraliste et le climat  démocratique, nous permet de choisir le meilleur argument en faveur d'une thèse, et de préparer le terrain aux conditions sans lesquelles on ne peut pas traduire les objectifs de la Révolution en un fait pratique. C'est pourquoi on doit installer les bases de l’État de droit dans une société mosaïque qui réagit dans un cadre sociale d'interaction dans lequel différents groupes idéologiques montrent suffisamment de respect et de tolérance pour coexister et interagir dans une culture politique plus harmonieuse que conflictuelle et sans volonté d'assimilation.



lundi 11 mars 2013

L'ère révolutionnaire et l'esprit du développement





La grande métamorphose qui a obsédé le monde arabe après la Révolution Tunisienne est centrée sur des thèmes innovants comme la démocratie, la citoyenneté, le développement, et l’arrêt de la corruption.  C’est dans ces principes que le « printemps arabe » a trouvé l’essentiel de ses ressources intellectuels.  L’époque actuelle serait plutôt l’époque de la citoyenneté et de l’ « open gouvernement ». Nous sommes à l’époque où le peuple réagit pour décider, pour prendre l’initiative et pour changer son quotidien. Nous sommes à l’époque de l’engagement patriotique, à l’époque du pluralisme, à l’époque du proche et du lointain, de la côte à côte, de la mythologie vécue. Nous sommes à un moment où le monde arabe s’éprouve, à un moment qui marquera la fin d’une époque et le commencement d’une nouvelle ère.  C’est une époque de développement à travers le temps, comme un réseau qui relie des points et qui entrecroise son écheveau; c’est pourquoi on peut dire que c’est une époque historique au sens philosophique du terme. Néanmoins, pourrait-on dire que certains des conflits idéologiques qui animent les polémiques d’aujourd’hui se déroulent entre les « pieux descendants » de l’antiquité et les habitants acharnés de l’espace. Le mouvement révolutionnaire est un effort pour établir entre des éléments qui peuvent avoir été répartis à travers le temps, un ensemble de relations qui les fait apparaître comme juxtaposés, opposés, impliqués l’un par l’autre, bref, qui les fait apparaître comme une sorte de configuration, et à vrai dire, il ne s’agit pas par-là de nier le temps : c’est une certaine manière de traiter ce qu’on appelle le temps et ce qu’on appelle l’histoire.  Cependant, il faut remarquer que l’espace public qui apparaît plus ouvert aujourd’hui est une innovation révolutionnaire puisque nous assistant à un passage rapide du statut du « sujet » au statut de « citoyen » ce qui implique que l’individu arabe est reconnu, pour la première fois, comme membre de la Polis  nourrissant un projet commun auquel il souhaite prendre une part active. La Révolution a permis de  redécouvrir les droits civils et politiques de l’individu et de lui faire comprendre ses devoirs civiques définissant le rôle du citoyen dans la cité et face aux institutions. Au sens juridique, l'ère révolutionnaire a ouvert un mouvement de réforme socio-politique dans le but d'instaurer un nouveau système qui répond au attentes des peuples. Au demeurant, il est de notre devoir de citoyen d’être vigilant pour faire réaliser le grand rêve et pour traduire ce réveil citoyen en un fait vécu quotidiennement.