Depuis 2011 le monde arabe a
été le théâtre d’une série d’événements qui ont provoqué de profonds
changements, non seulement dans les méthodes de gouvernement, mais aussi dans
tout le tissu culturel, et dont les conséquences se sont répercutées bien au-delà
de la région. Depuis ce grand mouvement de masse, il y a eu un profond
basculement et une nouvelle prise de conscience pour revendiquer une
« coupure » avec la dictature, avec l’autoritarisme et avec le
clientélisme féodal. La mobilisation
tunisienne a libéré des forces vives et des énergies insoupçonnées. De Tunis à
Sana’a, en passant par Tripoli et Le Caire, des hommes et des femmes ont montré
que le contrôle absolu des mouvements populaires était impossible. Un verrou
est brisé dans l’inconscience collective arabe, et une nouvelle philosophie
d’émancipation a formulé des idéaux innovants basés sur les principes de
« liberté, égalité, dignité », qui se présentent comme une traduction
des siècles des lumières, autrement dit comme un mouvement socio-intellectuel
dont le but était de dépasser l'obscurantisme, l’intolérance, le passéisme et de promouvoir
les principes des droits de l’homme; de la citoyenneté et du patriotisme. Le
moment est historique, et ces nouveaux principes ont une résonance qui va bien
au-delà de la Tunisie ; c’est pourquoi le modèle tunisien a suscité un
immense écho et exercé une énorme influence dans tout le monde arabe. Un
intérêt analogue a été exprimé, sous une forme quelques peu différente, par des
observateurs occidentaux. La Révolution tunisienne a eu aussi un impact énorme
dans toutes les parties du monde avec lesquelles elle partage une philosophie
commune. Pourtant, on provoquant un débat public et polymorphe sur la notion de
l’individu, de l’État et de la politique, le mouvement révolutionnaire tunisien
semble être l’enthousiasme de la liberté, de la vérité et de la vertu. La
nouvelle figure de la société, qui s’est forgé après cette grande métamorphose,
confirme cet esprit d’ouverture à l’universel et de quête de tolérance. Portés
par l’idée de progrès, par la foi inébranlable dans la raison démocratique et
la ferme croyance en la perfectibilité de l’individu, la Révolution a alors misé
sur la réaction du terrain pour éclairer les tunisiens sur eux-mêmes et les
inciter à prendre en courage leur destin. Ainsi, la pensée révolutionnaire
cherche à affirmer l’existence d’une autonomie de la raison humaine. L’idée de
cette autonomie va chercher à s’imposer avec un climat pluraliste, avec la
cohabitation pacifique de toutes les idéologies politiques et avec la nécessité
de penser « par soi-même ».
dimanche 24 mars 2013
mercredi 20 mars 2013
A la recherche de l’État de droit
S’il est un
concept récurrent sur la scène politique tunisienne postrévolutionnaire, c’est
celui de l’État de droit (Rule of Law,
Rechtsstaat). Il est pourtant
frappant de constater que le sens à donner à cette expression sur le terrain demeure
incertain et les définitions variant au gré des convictions des politiciens. Le
concept d’État de droit est d’abord un concept juridique qu’il revient à la
théorie du droit de définir ; c’est pourquoi il important de rappeler les
conditions épistémologiques d’une discipline dont la scientificité fut
contestée aussitôt après que le juriste Hans Kelsen eût tenté d’en bâtir les
fondements. L’originalité de la définition normative proposée réside dans sa
dérivation même ; le contenu notionnel qui en est l’aboutissement est
l’élaboration rigoureuse du régime que John Locke, par exemple, décrivait dans
son « Traité du gouvernement civil ». L’originalité de la définition institutionnelle est
plus forte, de même que sa mise en rapport avec l’aspect normatif. L’État de
droit est défini comme format normatif et institutionnel, et comme instrument
de réalisation de cette valeur qu’est la liberté individuelle dite constructive.
En effet, la réflexion sur le droit comporte deux aspects : l’étude du droit
comme technique (science ou théorie du droit) et l’étude du droit dans son
rapport aux valeurs (ou philosophie du droit au sens strict). Une réflexion
philosophique sur le droit ne peut faire l’économie d’une réflexion théorique
préalable, car la théorie permet de déterminer les limites de ce que le droit,
comme instrument, permet de réaliser. La logique propre du droit comme technique
est la fonction des limites qui affectent l’action de l’homme sur son
environnement ; ce qui implique nécessairement qu’une théorie du droit ne
peut s’articuler qu’au départ d’une anthropologie. Autrement dit, la réflexion
sur le droit ne peut éviter des concessions préliminaires. C’est en cela, et
non dans l’immédiateté du rapport aux valeurs, que la réflexion sur le droit,
même théorique, est importante dans notre contexte tunisien. Mais si elle veut
prétendre à l’universalité, la théorie du droit se doit de cantonner ces
concessions au strict minimum, et le théoricien du droit, ne pas tenter de les
occulter, de manière à ce qu’elles puissent être critiquées. Si elle n’est pas encore
assumée au niveau pratique, cette nécessité révolutionnaire est l’un des biens
les mieux partagés par les théoriciens du droit. Herbert Lionel Hart les désigne comme elementary
truths, natural necessity, salient characteristics, truisms
et encore the minimum content of Natural Law. Parmi ces «
truismes », selon H. Hart, figurent la vulnérabilité humaine, les ressources
limitées, l’altruisme limité. Randy Barnett parle lui des « données de la
nature humaine et de la nature du monde dans lequel les humains vivent ». Hans Kelsen lui-même n’échappe pas à cette
logique tout au long de son exposé intitulé « Théorie pure du droit ». Cette méthode s’exprime par des normes
individuelles qui peuvent être conformes à des normes générales, ou ne pas
l’être. Le respect de la métarègle (généralité des normes) par le pouvoir
normatif général doit être contrôlé par des institutions distinctes et
indépendantes de ce pouvoir. De même, les normes collectives doivent être édictées
par des institutions distinctes et indépendantes du pouvoir normatif général
afin de créer un nouveau climat basé sur la suprématie de la loi, la séparation
des pouvoirs et sur la raison de l’État.
lundi 18 mars 2013
THE HERO : A poem dedicated to Chokri Belaïd
I will
carry my soul in my hand
And throw
it in the valleys of death
It’s
either a life that makes a friend happy
Or a
death that makes an enemy angry
The noble
man’s soul has two goals
To die or
to achieve its dreams
When I
speak, all the world listen
And my
voice echoes among people
I see my
death, but I rush to it
This is a
death of a man… a real man… a great man
And
whoever desires an honorable death
Then this
is it
How am I
patient with spiteful ?
And
patient with all this pain ?
Is it
because of fear ?
While
life has no value to me !
I will
throw my heart at my enemies’ faces
And my
heart is iron and fire !
I will
protect my land with edge of the sword
So my people
will know that I’am the hero
vendredi 15 mars 2013
Sur les voies de la libération
Le mouvement
révolutionnaire a permis à la Tunisie de sortir de sa léthargie, après plus de
20 ans de dictature et de résignation apparente. Maintenant, les citoyens
tunisiens épris de liberté et de valeurs révolutionnaires sont devant un choix
historique : faire réussir le passage vers une société démocratique et
plurielle. Les jours se suivent et la pression populaire reste importante
malgré que les tunisiens savaient que l’époque transitionnelle sera difficile
au niveau économique et sociale. Cette problématique se pose avec plus
d’acuité, lorsqu’on sait que ce n’est pas seulement la dictature qu’il faut
simplement chasser, mais c’est une mentalité et un système fondé sur
l’oligarchie et le clientélisme féodal. La restauration politique dans la
Tunisie postrévolutionnaire doit être accompagnée d'une profonde
décentralisation administrative et judiciaire et par l’installation d’une
culture basée sur la notion de la démocratie participative pour renforcer la
participation citoyenne dans les affaires publiques on se basant sur l'idée de
l'« open gov ». Cette idée clé, est celle selon laquelle une décision
politique est légitime lorsqu’elle procède de la délibération publique de
citoyens égaux, ce qui peut approfondir l’échange discursif entre les citoyens et permettre de
faire partager des conceptions du bien commun et de faire entrer en jeu le principe du
pluralisme dans notre vie quotidienne et dans notre raison pratique. Suivant cette
analyse, l’échange d’arguments est capable d’enrichir le débat social et de faire apporter un gain de rationalité à
la prise de décision finale. Les préférences des citoyens peuvent, à travers la
discussion, s’affirmer ou se modifier selon le contexte ce qui nous
amène à dire que les préférences deviennent plus réfléchies, à la fois dans le
sens où elles sont exprimées devant d’autres citoyens qui par la possibilité
d’y répondre par un « oui » ou par un « non » peut les renvoyer à leurs premiers émetteurs, et encore, par cet effort collectif de réflexion
qui assure l’initiative personnelle du citoyen lui-même. Suivant cette logique,
l’atmosphère pluraliste et le climat démocratique, nous permet de choisir
le meilleur argument en faveur d'une thèse, et de préparer le terrain aux
conditions sans lesquelles on ne peut pas traduire les objectifs de la
Révolution en un fait pratique. C'est pourquoi on doit installer les bases de l’État
de droit dans une société mosaïque qui réagit dans un cadre sociale
d'interaction dans lequel différents groupes idéologiques montrent suffisamment
de respect et de tolérance pour coexister et interagir dans une culture
politique plus harmonieuse que conflictuelle et sans volonté d'assimilation.
lundi 11 mars 2013
L'ère révolutionnaire et l'esprit du développement
La grande métamorphose qui a obsédé le monde arabe après
la Révolution Tunisienne est centrée sur des thèmes innovants comme la démocratie,
la citoyenneté, le développement, et l’arrêt de la corruption. C’est dans ces principes que le « printemps
arabe » a trouvé l’essentiel de ses ressources intellectuels. L’époque actuelle serait plutôt l’époque de la
citoyenneté et de l’ « open gouvernement ».
Nous sommes à l’époque où le peuple réagit pour décider, pour prendre l’initiative
et pour changer son quotidien. Nous sommes à l’époque de l’engagement
patriotique, à l’époque du pluralisme, à l’époque du proche et du lointain, de
la côte à côte, de la mythologie vécue. Nous sommes à un moment où le monde arabe
s’éprouve, à un moment qui marquera la fin d’une époque et le commencement d’une
nouvelle ère. C’est une époque de
développement à travers le temps, comme un réseau qui relie des points et qui
entrecroise son écheveau; c’est pourquoi on peut dire que c’est une époque
historique au sens philosophique du terme. Néanmoins, pourrait-on dire que
certains des conflits idéologiques qui animent les polémiques d’aujourd’hui se
déroulent entre les « pieux
descendants » de l’antiquité et les habitants acharnés de l’espace. Le
mouvement révolutionnaire est un effort pour établir entre des éléments qui
peuvent avoir été répartis à travers le temps, un ensemble de relations qui les
fait apparaître comme juxtaposés, opposés, impliqués l’un par l’autre, bref,
qui les fait apparaître comme une sorte de configuration, et à vrai dire, il ne
s’agit pas par-là de nier le temps : c’est une certaine manière de traiter ce
qu’on appelle le temps et ce qu’on appelle l’histoire. Cependant, il faut remarquer que l’espace public
qui apparaît plus ouvert aujourd’hui est une innovation révolutionnaire puisque
nous assistant à un passage rapide du statut du « sujet » au statut
de « citoyen » ce qui implique que l’individu arabe est reconnu, pour
la première fois, comme membre de la Polis
nourrissant un projet commun auquel il souhaite
prendre une part active. La Révolution a permis de redécouvrir les droits civils et politiques de
l’individu et de lui faire comprendre ses devoirs civiques définissant le rôle
du citoyen dans la cité et face aux institutions. Au sens juridique, l'ère révolutionnaire a ouvert un mouvement de réforme socio-politique dans le but d'instaurer un nouveau système qui répond au attentes des peuples. Au demeurant, il est de notre devoir de citoyen d’être vigilant pour faire réaliser le grand rêve et pour traduire ce réveil citoyen en un fait vécu quotidiennement.
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