Depuis 2011 le monde arabe a
été le théâtre d’une série d’événements qui ont provoqué de profonds
changements, non seulement dans les méthodes de gouvernement, mais aussi dans
tout le tissu culturel, et dont les conséquences se sont répercutées bien au-delà
de la région. Depuis ce grand mouvement de masse, il y a eu un profond
basculement et une nouvelle prise de conscience pour revendiquer une
« coupure » avec la dictature, avec l’autoritarisme et avec le
clientélisme féodal. La mobilisation
tunisienne a libéré des forces vives et des énergies insoupçonnées. De Tunis à
Sana’a, en passant par Tripoli et Le Caire, des hommes et des femmes ont montré
que le contrôle absolu des mouvements populaires était impossible. Un verrou
est brisé dans l’inconscience collective arabe, et une nouvelle philosophie
d’émancipation a formulé des idéaux innovants basés sur les principes de
« liberté, égalité, dignité », qui se présentent comme une traduction
des siècles des lumières, autrement dit comme un mouvement socio-intellectuel
dont le but était de dépasser l'obscurantisme, l’intolérance, le passéisme et de promouvoir
les principes des droits de l’homme; de la citoyenneté et du patriotisme. Le
moment est historique, et ces nouveaux principes ont une résonance qui va bien
au-delà de la Tunisie ; c’est pourquoi le modèle tunisien a suscité un
immense écho et exercé une énorme influence dans tout le monde arabe. Un
intérêt analogue a été exprimé, sous une forme quelques peu différente, par des
observateurs occidentaux. La Révolution tunisienne a eu aussi un impact énorme
dans toutes les parties du monde avec lesquelles elle partage une philosophie
commune. Pourtant, on provoquant un débat public et polymorphe sur la notion de
l’individu, de l’État et de la politique, le mouvement révolutionnaire tunisien
semble être l’enthousiasme de la liberté, de la vérité et de la vertu. La
nouvelle figure de la société, qui s’est forgé après cette grande métamorphose,
confirme cet esprit d’ouverture à l’universel et de quête de tolérance. Portés
par l’idée de progrès, par la foi inébranlable dans la raison démocratique et
la ferme croyance en la perfectibilité de l’individu, la Révolution a alors misé
sur la réaction du terrain pour éclairer les tunisiens sur eux-mêmes et les
inciter à prendre en courage leur destin. Ainsi, la pensée révolutionnaire
cherche à affirmer l’existence d’une autonomie de la raison humaine. L’idée de
cette autonomie va chercher à s’imposer avec un climat pluraliste, avec la
cohabitation pacifique de toutes les idéologies politiques et avec la nécessité
de penser « par soi-même ».
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