L’espace du
printemps arabe n’en finit pas d’être traumatisé par la résurgence systématique
de violence de toutes sortes qui elles-mêmes engendrent une terrible dynamique
de la haine. La Syrie tout
particulièrement s’enfonce chaque jour d’avantage dans une spirale suicidaire
dont personne ne voit la fin malgré les appels au retour, à la paix civile qui
se multiplient. La Libye s’enlise :
Deux ans après la révolution, le pays est aujourd’hui coupé en cinq zones
(Misrata, Barqa, Djebel Nefusa et Zouwara, Zentan, la Zone du Sud avec les
Toubous), les milices constituées par des éléments tribaux disposent chacune de
leur propre armée dans les quatre premières zones. À cela il faut ajouter de
nombreux conflits tribaux. Ainsi que des populations en déshérence. De violents
affrontements ont eu lieu, depuis la chute du régime Moubarak, entre coptes et
musulmans. Le bilan est une dizaine de morts et plus d’une cinquantaine de
blessés. La Tunisie a basculé, elle aussi, dans le vertige de la violence
depuis l’assassinat du leader de l’opposition Chokri Belaïd. C’est pourquoi, il
nous a paru utile d’ouvrir quelques pistes de réflexions dans un dossier
consacré aux terrorismes et à la violence politique. Comme la notion de terrorisme est extrêmement
ambiguë, nous proposons ici quelques points de repères.
La première
difficulté d’approche du terrorisme tient à son introuvable définition. Le
terme se trouvant à l’interface des sciences sociales et politique, il est
pratiquement impossible d’arrêter une définition qui soit à la fois pertinente
et opérationnelle dès lors que cette appellation renvoie toujours à des
connotations très négatives que les acteurs politiques peuvent utiliser pour
disqualifier l’autre. D’une certaine manière, on peut toujours devenir le
terroriste de quelqu’un ; c’est, en effet, un truisme de rappeler que,
dans certaines configurations politiques ou militaires, tel acteur sera terroriste
pour les uns et héros ou résistant pour les autres. Comme cette qualification
est un moyen de disqualification, elle devient une arme politique redoutable :
l’adversaire traité de « terroriste » n’a plus droit à la moindre
considération ; il est ravalé à un niveau infrapolitique d’où sont exclues
toutes les règles du jeu politique. Avec
un terroriste, il n’est pas question de discussion, de négociation ou a fortoriori de compromis car cela
signifierait une reconnaissance de nature politique qui est, par définition,
exclue dans une scène politique démocratique et plurielle.
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