Deux ans
après le « printemps arabe », les mouvements
fondamentalistes-radicales, loin de s’essouffler, continuent de se développer
sur des terrains traditionnels ou d’autres plus inattendus, que l’on relève en
Libye, en Égypte ou encore en Tunisie. Cependant, analystes et experts sont
souvent réduits à des études au cas par cas sans pouvoir tirer de conclusions
globales, tant le sujet apparaît se fondre en creux dans un contexte sociale ou
politique à chaque fois différent. Les expériences hétérogènes que nous avons
pu observer durant ces deux dernières années nous amène à analyser les causes
de cette autolégitimation. En effet, les échecs des modèles de développement
imposés dans le monde arabe et la faillite des pouvoirs personnels,
autoritaires et oligarchiques qui ont généré des « dynasties » de
rapaces et de corrompus incapables d’entrevoir un rapport politique à leur
société ; a pour partie déclenché le phénomène du « retour au
source » dans une bonne partie de la société arabe ce qui traduit une
sorte de malaise socio-psychologique . À la fois contestataire, identitaire et
passéiste, l’islamisme politique attire à lui aussi bien les arrivistes
et les serviteurs de l’ancien régime que les masses. Le phénomène
d’islamisation de la société est adapté à chaque réalité tel un
« marketing » puissant dans le vécu quotidien des personnes
auxquelles il s’adresse. Le discours adopté est simple, animé par un background
historico-religieux. Il est souvent antimoderniste et très répressifs à
l’encontre des acquis de l’État moderne. À travers cette réalité, on peut
découvrir des mouvements hiérarchiques dirigés par une sorte de « guide
suprême ». Ainsi, pour consolider leur pouvoir, ces nouveaux régimes ont
noué des dizaines d’alliances avec des associations de tendance religieuse qui
jouent le rôle des propagandistes et de bras séculier. Néanmoins des débats
internes en Tunisie et en Égypte commencent à maitre l’accent sur l’échec de
cette perspective adopté par les islamistes. D’ailleurs, la notion de
« l’islam politique » doit être réexaminé car il s’agit d’une notion
qui nous amène à parler d’un régime théocratique plutôt que démocratique. Cette
dernière notion signifie « le gouvernement du peuple, par le peuple,
pour le peuple » selon la fameuse expression d’Abraham Lincoln. Cette
définition nous amène à parler de la démocratie directe où le pouvoir est
exercé directement par les citoyens, sans l'intermédiaire d'organes
représentatifs tel que les « Cheikhs !». Ainsi, l'idée de démocratie
directe doit se rapporter à différentes conceptions de l'exercice direct de la
souveraineté par le peuple. Si aujourd'hui le terme de démocratie renvoie généralement
à l'idée de gouvernement représentatif, il fut longtemps associé à celle de
démocratie directe, notamment en référence à la démocratie athénienne où
les citoyens réunis en assemblée y décidaient des lois, les magistrats aux
fonctions administratives et exécutives étaient tirés au sort, et les
magistrats dont la fonction nécessitait une expertise étaient élus et
révocables par les citoyens. Cette description du fond philosophique de la
démocratie nous pousse à poser les questions suivantes : Sommes-nous en train
d’assister, à des révolutions politiques inachevées de pair avec une régression
économique ? Les pays arabes impliqués finiront-ils par être des
démocraties réelles ? À la lumière de ces vrais défis, qui exigent de
vraies actions, on peut noter que le temps est venu pour que les élites arabes se montrent à la hauteur des espoirs des peuples et de faire justice à leur
potentiel culturel et politique.
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