samedi 6 juillet 2013

La responsabilité révolutionnaire et la voix populaire






La transition démocratique est un terme imprécis, qui s’est répandu dans le langage courant et la science politique à la fin des années 80. Il renvoie indistinctement à différents types de processus de démocratisation : la « transition à la démocratie » au sens strict, passage d’un régime autoritaire à un régime démocratique, ou diverses extensions du domaine de la démocratie dans le cadre de régimes démocratiques déjà en place. Évocateur d’une démocratie en mouvement, il est cependant porteur de confusion et de non-dits philosophico-politiques qui devraient inciter à l’utiliser avec prudence. Dans les décennies 1980-1990 on a vu s’écrouler les anciennes dictatures de l’autoritarisme modernisateur et le constitutionnalisme libérale en Portugal, la Grèce, en Chili, en Argentine et au Brésil… (Etc.). En Tunisie, le berceau du « printemps arabe », le monde s’extasiait devant la construction d’un processus révolutionnaire populaire et spontané, la presse mondiale célébrait rituellement la révolution tunisienne et le processus transitionnel tunisien. À peine trois ans, le bilan est aujourd’hui beaucoup plus nuancé : troubles dans les régions, crises économiques et instabilité politique ce qui obscurcie les horizons de la Tunisie postrévolutionnaire. La théorie des dominos invoquée pour expliquer la crise structurelle à la suite d’un tel changement paraît être fortement nuancée. Avec le recul, ne peut-on avancer l’idée que nous sommes en train de vivre une confusion au niveau phénoménologique. La rupture est bientôt consommée entre la masse populaire et la classe politique. L’État tunisien postrévolutionnaire est accusé de ne plus écouter les citoyens, de ne plus les comprendre, de ne plus assumer les responsabilités que le peuple lui a confiées. De notre société monte ainsi une colère, une rancœur, sourde et profonde, parce que la classe politique semble avoir gardé le pouvoir sans avoir conservé le sens de la responsabilité qui va avec, notamment vis-à-vis de tous ceux qui souffrent : les chômeurs, les ouvriers, les employés, les jeunes… (Etc.) que de plus en plus de chercheurs appellent les « invisibles » parce que le pouvoir politique n’en parle jamais, ne s’adresse jamais à eux… Et qu’il soit de la Troïka  ou de l’opposition à cet égard n’y change rien ! L’alternance politique semblant être devenue, dans notre pays, une sorte de rituel vide, tellement les politiques sont interchangeables. Bref, notre contrat social qui était à l’origine un contrat de confiance, laisse de plus en plus la place à un constat de défiance, parce qu’il ressemble de plus en plus à un marché de dupes !   

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