Le scénario se répète en Tunisie : Six mois après le
meurtre de Chokri Belaïd, le pays est à nouveau secoué par un autre assassinat
politique. Le 25 Juillet 2013, Mohamed
Brahmi, député à l'Assemblée nationale constituante et leader du Front
Populaire, a été abattu par 14 balles devant son domicile à la cité El-Ghazala,
près d’Ariana. Suivant les analyses du ministère de l’intérieur, les
similitudes portent sur la stratégie utilisée lors de l'attentat car Mohamed
Brahmi avait été tué avec la même arme que celle utilisée pour
l'assassinat, le 6 février, de Chokri Belaïd. Ce troisième assassinat politique nous amène à
poser un nombre important questions sur le rapport entre la violence et la
pratique politique dans la Tunisie postrévolutionnaire.
En effet l’assassinat de Mohamed Brahmi a plongé le pays
dans la crise la plus grave depuis plus de six mois et provoque une émotion et
une colère immenses dans la société tunisienne. Il survient à un moment
d’extrême fragilité puisque le processus transitionnel est à bout de souffle. Beaucoup
d’observateurs ont souligné le poids déterminant des facteurs structurels
lourds dans le déclenchement des violences que celles-ci soient de type
émeutières, désorganisées ou plus construites autour de mots d’ordre
idéologiques précis. Si ces moteurs de l’action semblent évidents, il demeure important
de les rappeler à l’heure où l’analyse sociologique préfère parfois insister
sur des facteurs plus interactionnistes. Les études du « Centre Témimi » ont
montré le poids déterminant des facteurs économiques ; comme le niveau de
chômage, l’habitat déshérité ou le niveau de pauvreté au sein des quartiers populaire ;
dans le déclenchement d’un nouveau comportement social basé sur la violence et
l’agressivité. Actuellement, l’examen de la question des
limites à poser à cette dégradation de l’État par la violence occupe une bonne
partie de la société civile tunisienne. Une première réponse à cette question
serait l’interdiction de la banalisation du fait politique. Ce thème est
essentiel, car il touche au centre de gravité de la Révolution Tunisienne. La
culture de la non-violence qui s’impose maintenant avec plus d’acuité nous
amène à chercher un nouveau Modus Vivendi
entre les différentes idéologies pour sortir le pays du Chaos de la violence. Certes
les chemins de cette résistance à la violence et de cette libération du
comportement violent sont difficiles, mais parce que son notre rêve est de
lancer les bases d'une Tunisie plurielle et démocratique, nous devons se
rappeler de la signification philosophique des mots de Martin Luther King qui
disait « nous devons apprendre à
vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme
des idiots ».
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