dimanche 5 janvier 2014

Le « printemps arabe » entre manipulation et utopie




La Tunisie, le Yémen, l’Égypte et la Libye sont les quatre  pays du monde arabe, pour l’instant, à être parvenus à faire leur révolution et à instaurer un régime plus ouvert. En France, en 1789, la Révolution avait mis à bas la monarchie absolue pour lui substituer une première forme de démocratie.  Pour autant, révolution et démocratie sont-elles liées ? Et qu’entend-on par démocratie ? Pour ce qui concerne la notion de démocratie, il s’agit d’une organisation politique et sociale garantissant les droits de l’homme, fonctionnant sur le principe de la séparation des pouvoirs et d’une souveraineté limitée avec des institutions gérant de manière pacifique les conflits, et reposant sur le suffrage populaire, c’est-à-dire des élections libres et régulières servant à désigner les représentants du peuple. Quant à la notion de révolution, il s’agit d’un renversement brutal de l’ordre établi en vue de la construction d’une nouvelle organisation politico-sociale. C’est la substitution soudaine d’un pouvoir à un autre. Certes, dans l’histoire se trouvent des exemples de révolutions ayant abouti à l’établissement de régimes démocratiques. Ainsi, la Révolution française a renversé ce qu’elle a elle-même appelé l’« Ancien Régime » pour reconstruire un ordre fondé sur la « Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen », la séparation des pouvoirs, une Constitution et un suffrage populaire. Même si cette monarchie constitutionnelle fut un échec, il n’en reste pas moins que la Constituante a opéré, au sens exact du mot, une révolution. Pour rester en France, les Trois Glorieuses de 1830 renversèrent le roi Charles X qui aspirait à un retour à la monarchie absolue et manifestait des tendances autoritaires et portèrent sur le trône un nouveau roi, Louis-Philippe. Lequel fut contraint d’abdiquer, en 1848, par l’effet d’une autre révolution qui mit en place une république. Dans la réflexion sur la relation entre démocratie et révolution intervient donc la notion du changement puisque celle-ci est consubstantielle à l’idée de révolution. En effet, la révolution consiste en effet à détruire les structures sociales, politiques et économiques existantes et elle introduit une division manichéenne en politique selon le vieux principe « Qui n’est pas avec moi est contre moi ». Car toute personne ne prenant pas ouvertement position pour la révolution, ni même contre elle, est considérée comme n’adhérant pas au projet d’édification de l’ordre nouveau et doit donc être éliminée ! L’esprit révolutionnaire entend rompre avec le passé afin de reconstruire une société radicalement différente, donc nécessairement supérieure à l’ancienne. Le principe de départ consiste à comparer le réel avec un projet de société inexistant mais « parfait ».  L’utopie est inséparable de l’idée de révolution.  Rappelons qu’étymologiquement, utopie, composé du radical grec « topos » qui signifie « lieu » et du préfixe privatif « ou » qui désigne le « lieu de nulle part », « qui n’existe pas ». Comme l’écrivait Raymond Aron : « Le mythe de la révolution sert de refuge à la pensée utopique, il devient l’intercesseur mystérieux, imprévisible, entre le réel et l’idéal ». Pour les révolutionnaires, la fin justifie les moyens. C’est ce qui explique que le despotisme révolutionnaire dure éternellement. Dans cette optique, le processus révolutionnaire s’apparente à une route ou à un chemin nouveau menant vers l’idéal. Mais la marche est interminable car l’idéal, par définition, n’existe pas. Il est la ligne d’horizon que l’on voit au loin mais que l’on n’atteint jamais… ! Or, les révolutionnaires trouvent toujours des boucs-émissaires ou les fameux « contre-révolutionnaires » pour expliquer leur échec. Toutes les difficultés, tous les obstacles auxquels ils se heurtent sont considérés par eux comme des « ennemis » objectifs de l’idéal. En ces temps troublés marqués par l’incertitude provoquée par la crise économique et l'instabilité politique et après 3 ans d’expérience révolutionnaire on doit inciter à fuir ceux qui nous promettent la « cité de Dieu » ou encore ceux qui nous promettent le lendemain glorieux qui chantent.  

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