La Tunisie, le Yémen, l’Égypte et la Libye sont les
quatre pays du monde arabe,
pour l’instant, à être parvenus à faire leur révolution et à
instaurer un régime plus ouvert. En France, en 1789, la Révolution avait mis à bas la monarchie absolue pour
lui substituer une première forme de démocratie. Pour autant, révolution et
démocratie sont-elles liées ? Et qu’entend-on par démocratie ? Pour ce qui
concerne la notion de démocratie, il s’agit d’une organisation politique et
sociale garantissant les droits de l’homme, fonctionnant sur le principe de la
séparation des pouvoirs et d’une souveraineté limitée avec des institutions
gérant de manière pacifique les conflits, et reposant sur le suffrage
populaire, c’est-à-dire des élections libres et régulières servant à désigner
les représentants du peuple. Quant à la notion de révolution,
il s’agit d’un renversement
brutal de l’ordre établi en vue de la construction d’une nouvelle organisation
politico-sociale. C’est la substitution soudaine d’un pouvoir à un autre.
Certes, dans l’histoire se trouvent des exemples de révolutions ayant abouti à l’établissement de régimes
démocratiques. Ainsi, la Révolution française
a renversé ce qu’elle a elle-même appelé l’« Ancien Régime » pour
reconstruire un ordre fondé sur la « Déclaration
des droits de l’Homme et du Citoyen », la séparation des
pouvoirs, une Constitution et un suffrage populaire. Même si cette monarchie
constitutionnelle fut un échec, il n’en reste pas moins que la Constituante a
opéré, au sens exact du mot, une révolution. Pour rester
en France, les Trois Glorieuses de 1830 renversèrent le roi Charles X qui
aspirait à un retour à la monarchie absolue et manifestait des tendances
autoritaires et portèrent sur le trône un nouveau roi, Louis-Philippe. Lequel
fut contraint d’abdiquer, en 1848, par l’effet d’une autre révolution qui mit en place une république. Dans
la réflexion sur la relation entre démocratie et révolution intervient donc la
notion du changement puisque celle-ci est consubstantielle à l’idée de révolution. En effet, la révolution consiste
en effet à détruire les structures sociales, politiques et économiques
existantes et elle introduit
une division manichéenne en politique selon le vieux principe « Qui n’est
pas avec moi est contre moi ». Car toute personne ne prenant pas
ouvertement position pour la révolution, ni même
contre elle, est considérée comme n’adhérant pas au projet d’édification de
l’ordre nouveau et doit donc être éliminée ! L’esprit
révolutionnaire entend rompre avec le passé afin de reconstruire une
société radicalement différente, donc nécessairement supérieure à l’ancienne.
Le principe de départ consiste à comparer le réel avec un projet de société
inexistant mais « parfait ». L’utopie est inséparable de l’idée
de révolution. Rappelons qu’étymologiquement, utopie,
composé du radical grec « topos » qui signifie « lieu » et du
préfixe privatif « ou » qui désigne le « lieu de nulle
part », « qui n’existe pas ». Comme l’écrivait Raymond
Aron : « Le mythe de la révolution sert de
refuge à la pensée utopique, il devient l’intercesseur mystérieux,
imprévisible, entre le réel et l’idéal ».
Pour les révolutionnaires, la fin justifie les moyens. C’est ce qui
explique que le despotisme révolutionnaire dure
éternellement. Dans cette optique, le processus révolutionnaire s’apparente
à une route ou à un chemin nouveau menant vers l’idéal. Mais la marche est
interminable car l’idéal, par définition, n’existe pas. Il est la ligne
d’horizon que l’on voit au loin mais que l’on n’atteint jamais… ! Or, les révolutionnaires trouvent toujours des
boucs-émissaires ou les fameux « contre-révolutionnaires »
pour expliquer leur échec. Toutes les difficultés, tous les obstacles auxquels
ils se heurtent sont considérés par eux comme des « ennemis »
objectifs de l’idéal. En ces temps troublés marqués par l’incertitude
provoquée par la crise économique et l'instabilité politique et après 3 ans
d’expérience révolutionnaire on doit inciter à fuir ceux qui nous promettent
la « cité de Dieu » ou encore ceux qui nous promettent le lendemain
glorieux qui chantent.
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