La notion de la démocratie possède un sens privilégié en philosophie
politique, dont l’origine remonte à l’histoire de la Grèce antique, puisque le
terme lui-même est construit sur la langue grecque. Ainsi « Dëmokratia » désigne le « gouvernement du peuple par le peuple »
dans le cadre d’un État institutionnalisé qui incarne l’unité de la Polis. La
démocratie est ainsi à définir en premier lieu comme un mode de gouvernement. Néanmoins,
on sait que Platon en envisage d’autres et fait des régimes politiques, comme
Aristote, une classification. Cette classification platonicienne est reprise depuis
la Renaissance où la démocratie est re-pensée de nouveau comme un mode d’organisation
et de gestion de pouvoir. La tradition conçoit le pouvoir comme étant de nature
essentiellement politique et cela est vrai en grande partie car il
signifie le droit de disposer de la « violence légitime » pour gérer
les affaires quotidienne de la Polis (πόλις) ; c’est pourquoi on
peut noter que le rapport entre citoyen et l’État, quelque soit le régime
politique, est fondamentalement inégalitaire. Que ce rapport provienne d’un
contrat social entre le peuple et les politiciens par transfert de souveraineté
pour assurer la paix civile contre la tendance naturelle pour l’homme à être un
« un loup pour l’homme » ou d’un contrat sociopolitique institué par
le principe de la volonté générale où la nation conserve sa souveraineté et c’est
toujours sur ce type de registre du rapport entre l’individu et l’État que la
notion de pouvoir est analysée et comprise jusqu’à l’avènement des sociétés
industrielles au 18ème siècle. Avec la Révolution Industrielle, l’émergence
d’un véritable « pouvoir économique » constituait une force de plus
en plus autonome face au pouvoir politique, du fait de l’évolution des sociétés
touchées par ce mouvement d’industrialisation. Ce mouvement a conduit les
philosophes à envisager une conception plus large de la notion du pouvoir. Le
pouvoir en fait n’apparaît pas seulement comme politique, institutionnel mais
aussi économique. Ainsi la notion du pouvoir a trait à toute forme d’organisation
sociale hiérarchiquement constituée. Celui-ci peut donc concerner l’État, un
parti politique, une association de la société civile, une entreprise, la
famille…(etc.). Il est certain que la nature du fonctionnement du pouvoir dans
ces diverses institutions sera différente mais le fait de la hiérarchie implique
qu’il y ait des femmes et des hommes qui sont choisi ou bien élu, pour décider
alors que la majorité de la population est là pour exécuter !!! Il
convient par conséquent d’approcher le phénomène démocratique par cette vision
plus large du phénomène de pouvoir, tel qu’il se présente de fait dans toute
forme d’organisation sociale hiérarchisée. Il se pourrait bien que cette
approche peut aider un réinterpréter cette équation compliquée du rapport entre
démocratie, pouvoir et peuple. La question reste ouverte…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire