Au
terme des trois années précédentes, conviendrait-il de conclure que le « Printemps
Arabe » se résumerait désormais au model tunisien ? Beaucoup ont
remarqué le grand changement épistémologique au niveau du quotidien politique
en Tunisie postrévolutionnaire. Depuis
2011, la notion de la démocratie n'a pas seulement une portée politique dans le
vécu tunisien ; elle a aussi une portée sociale. En favorisant les
rapports de réciprocité, en permettant la recréation d'un lien social, elle
peut aider à reconstituer des solidarités organiques aujourd’hui affaiblies, à
recréer un tissu social désagrégé par la montée de l'individualisme et la fuite
en avant dans le système de la concurrence et de l'intérêt. En tant qu’elle est
productrice de socialité élémentaire, la démocratie participative va alors de
pair avec la modernité, la recréation de l’idée de la nation, du patriotisme et
du développement. Cette nouvelle conception de la démocratie s'oppose de plein
fouet à la légitimation libérale de l'apathie politique, qui encourage
indirectement l'abstention et aboutit au règne des gestionnaires, des experts
et des techniciens. La démocratie, en fin de compte, repose moins sur la forme
de gouvernement proprement dite que sur la participation du peuple à la vie
publique, en sorte que le maximum de démocratie se confond avec le maximum de
participation. Participer, c'est prendre part, c'est s'éprouver soi-même comme
partie d'un ensemble ou d'un tout, et assumer le rôle actif qui résulte de
cette appartenance. La participation, disait René Capitant, est l'acte
individuel du citoyen agissant comme membre de la collectivité populaire. On
voit par là combien les notions d'appartenance, de citoyenneté et de démocratie
sont liées.
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