Depuis la Grèce antique le mot «
démocratie » s’est imposé comme la dénomination universelle du bien politique. Même
les régimes qui en bafouent le plus évidemment les fondements considérés comme
élémentaires n’osent pas s’en présenter ouvertement comme les ennemis, et prétendent
plutôt en incarner une forme spécifique, réduisant les critiques qui leurs sont
adressées à des manœuvres de déstabilisation politique ou à des manifestations
d’arrogance culturelle comme s’était le cas des dictatures en Tunisie et en
Egypte ; mais dans tous les cas, cette célébration unanime s’accompagne d’une
véritable cacophonie de ses définitions. Les usages opposés de la notion de
populisme constituent depuis trois ans dans les pays du « printemps arabe »
un bon exemple d’une telle divergence : ce qui relève d’une stigmatisation pour
les uns est revendiqué avec fierté comme la condition d’un accomplissement par
les autres. Comment penser alors dans de telles conditions cette figure du bien
politique et permettre le débat sur les conditions de sa réalisation ? Penser
la démocratie dans les pays du « printemps arabe » implique de partir
du constat de cette cacophonie et de la difficulté de s’accorder sur une
définition consistante, au-delà des formules convenues sur « le pouvoir du
peuple », ou encore d’une vision procédurale minimaliste. La constatation est
ainsi parti du constat qu’il s’agissait d’un « mot en caoutchouc » pour reprendre
une formule fameuse d’Auguste blanqui. Depuis plus de trois ans, le mot
démocratie n’a ainsi cessé d’apparaître comme une solution et comme un problème
à la fois car en lui ont toujours coexisté le bien et le flou. Bien loin de
correspondre banalement à une sorte d’indétermination des voies de sa seule
mise en œuvre, le flottement du mot démocratie participe plutôt de son histoire
et de son essence. C’est cela que notre constatation s’est proposé d’éclairer
en partant de ce fait pour proposer les éléments constituants d’une théorie de la
démocratie dans les pays arabe. Mais comment faire la théorie d’un objet
indéterminé, sur la caractéristique duquel les définitions les plus divergentes
s’opposent ? La réponse à cette question nécessite une étude socio-historique
pour décortiquer la penser politique arabe qui s’est habituellement abordée à
partir des doctrine religieuses qui y sont nées ou des institutions ayant déterminé,
de façon décisive, ses spécificités dans ce domaine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire