A priori, la pédagogie ne semble pas révéler de la sociologie.
Comme le disait Durkheim, « les
théories pédagogiques sont des manières de concevoir l’éducation »,
elles semblent être le fruit de la réflexion d’individus théorisant une
situation d’apprentissage. Dès lors, on comprend que traiter de pédagogie dans
la Tunisie postrévolutionnaire conduit d’abord à parler des pédagogues qui ont
conçu ces théories, à rechercher les causes de leur élaboration, les traits qui
caractérisent, leurs différences avec d’autres systèmes, leur application dans
les institutions éducatives. Tout cela présente un grand intérêt mais
n’implique apparemment pas une analyse sociologique. D’ailleurs, la
quasi-totalité des pédagogues affirment que leurs système a été conçu pour
tenir compte des caractéristiques des capacités cognitives et affectives des
individus à éduquer, donc, au mieux, que la psychologie, les inspires et la
morale les guide. Reste que ces systèmes pédagogiques sont plus structurés par
les jugements de valeur qui sont sous-jacents aux finalités recherchées que par
toute autre considération. Mais énoncer des jugements de valeur, c’est prendre
parti sur l’avenir du sujet à éduquer, ce qui revient à formuler un projet
social ; c’est aussi s’exposer à la contradiction portée par d’autres
systèmes adossés à d’autres finalités ; en cela, c’est devenir un enjeu de
luttes sociales sur l’avenir social. Si tel est le cas, on voit déjà que la
pédagogie, même la plus attachée aux propriétés psychologiques des individus,
ne peut se soustraire à une analyse sociologique. Il importe ensuite de
comprendre en quoi les conceptions pédagogiques correspondent aux
transformations sociales ; pour le dire autrement, il importe de saisir
les rapports existant entre « l’espace social » dans lequel se
développent ; à un moment donné, des conceptions pédagogiques, et les
forces qui structurent cet espace.
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