vendredi 2 octobre 2015

Lire l'agir pédagogique






 A priori, la pédagogie ne semble pas révéler de la sociologie. Comme le disait Durkheim, « les théories pédagogiques sont des manières de concevoir l’éducation », elles semblent être le fruit de la réflexion d’individus théorisant une situation d’apprentissage. Dès lors, on comprend que traiter de pédagogie dans la Tunisie postrévolutionnaire conduit d’abord à parler des pédagogues qui ont conçu ces théories, à rechercher les causes de leur élaboration, les traits qui caractérisent, leurs différences avec d’autres systèmes, leur application dans les institutions éducatives. Tout cela présente un grand intérêt mais n’implique apparemment pas une analyse sociologique. D’ailleurs, la quasi-totalité des pédagogues affirment que leurs système a été conçu pour tenir compte des caractéristiques des capacités cognitives et affectives des individus à éduquer, donc, au mieux, que la psychologie, les inspires et la morale les guide. Reste que ces systèmes pédagogiques sont plus structurés par les jugements de valeur qui sont sous-jacents aux finalités recherchées que par toute autre considération. Mais énoncer des jugements de valeur, c’est prendre parti sur l’avenir du sujet à éduquer, ce qui revient à formuler un projet social ; c’est aussi s’exposer à la contradiction portée par d’autres systèmes adossés à d’autres finalités ; en cela, c’est devenir un enjeu de luttes sociales sur l’avenir social. Si tel est le cas, on voit déjà que la pédagogie, même la plus attachée aux propriétés psychologiques des individus, ne peut se soustraire à une analyse sociologique. Il importe ensuite de comprendre en quoi les conceptions pédagogiques correspondent aux transformations sociales ; pour le dire autrement, il importe de saisir les rapports existant entre « l’espace social » dans lequel se développent ; à un moment donné, des conceptions pédagogiques, et les forces qui structurent cet espace.

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