Depuis plus
de cinq maintenant, une redéfinition de la politique culturelle tunisienne
semble s’imposer sur le mode de l’évidence, aux côtés de celles de l’éducation,
du social ou de l’économie. Elle ne constitue pourtant pas le simple reflet des phénomènes objectifs dont les
pouvoirs publics se saisissent. À l’instar des politiques de la ville, de l’environnement
et de la sécurité du système d'information, elle est liée à une stratégie de
travail qui dépasse de loin le secteur étatique, responsable de classement et
de mise en forme des pratiques d’interventions qui viennent agréer et donner
sens à un ensemble nécessairement hétéroclite d’actes, de discours, de dépenses
et de pratiques administratives.
La politique
culturelle ne saurait dès lors être considérée comme une catégorie
transhistorique. Certes, l’intervention du gouvernement pour la conservation du
patrimoine matériel et immatériel ou pour les arts et leur traitement par l’administration
publique est au centre du travail du ministère des Affaires culturelles depuis sa création en 1970. Mais cette ancienneté n’équivaut
pas l’existence séculaire d’une politique culturelle. En effet, la genèse de
cette politique ne se résume pas aux origines des différentes formes de soutien
du ministère aux artistes : elle consiste aussi en une intégration et un
agencement spécifiques de ces multiples interventions dans un ensemble qui ne
se limite pas à la somme des parties qui le composent. Or, cette intervention
et cet agencement ne sont pensables et possibles qu’à la faveur de conditions particulières
qu’il faudra éclairer par un travail stratégique sur la longue durée. Mais l’introuvable
définition d’un plan de développement culturel pose toujours problème. Si,
dans les années d’installation de la deuxième république, des relations de
proximité et des jeux de consécration croisée étaient observable entre universitaires,
artistes, hommes de lettres d’une part et hommes politiques d’autres part, une
séparation plus nette s’instaure peu à peu et s’affirme singulièrement après
les élections législatives d’octobre 2014. Au stade actuel, faire de la culture
une catégorie de l’action politique en Tunisie n’a pas toujours été possible. Certes,
les politiciens font fausse route en prétendant se mettre à la tête des
mouvements artistique seulement pendant les compagnes électorales mais la faiblesse apparemment paradoxale de la représentation de la culture dans le discours politique tunisien peut traduire la liste des priorités dans le reste ce premier quinquennat postrévolutionnaire.
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