Que
savait-on de la vie de la Saïda Aïcha Manoubia ? Que savait-on de sa vie,
de son œuvre de ses manâqib ? Ces questions sont devenues une priorité
intellectuelle après le crime de la profanation de son mausolée dans
la nuit du lundi au mardi 16 octobre 2012 où la Zâwiya de Saïda Manoubia était
totalement ravagé par le feu.
Selon l’hagiographie de la sainte, Aïcha Manoubia est née
en l’an 595 de l’Hégire (1199) dans la ville de Manouba située à quelques kilomètres
au sud-ouest de la capitale de l’Ifriqiya, Tunis. Son père le Cheïkh Abou Mousa Imran Ibn Hâj Souliamane
prit un grand soin de son éducation et lui fit apprendre le Coran dès son jeune
âge. Dès sa puberté, elle montra des signes d’ascétismes et de piété. Elle se
consacra à la dévotion et au filage de la
laine qui était sa seule source de revenu qui le dépensait avec les nécessiteux,
les pauvres et les miséreux. On raconte
que si, à la nuit tombée, un dirham lui restait encore dans les mains, elle
disait : « Cette nuit, ma prière est incomplète ». Il lui
arrivait de s’abstenir d’invoquer Dieu pendant des journées et quand on l’interrogeait
elle répondait : « Si le cœur n’y est pas, la langue n’y peut rien ».
Son immense rayonnement lui valut la vénération de ses
contemporains et les maigres écrits qu’il nous reste d’elle en font également
l’un des premiers chantres de l’amour divin. Dans cet âge classique du soufisme
nord africain, Aïcha Manoubia explore, comme d’autres, les sentiers de cette
mystique. La légende raconte qu'elle aurait dans vue dans les rues de
sa ville, portant un seau dans une main et une torche dans l'autre et criant
qu'elle partait éteindre les feux de l'enfer et incendier le paradis. Un
passant l'arrêta et l'interrogea sur le sens de ses dires. Elle répondit que
les hommes d'aujourd'hui n'adoraient
Dieu que par intérêt (la crainte de son courroux ou la récompense de ses
grâces) alors que la vraie dévotion consistait à ne l'adorer que pour Lui, par
pure aspiration à contempler Sa Face. Sa grande dévotion fut connue à Tunis et dans
les grandes villes de l’Ifriqiya. Elle fut toute sa vie respectée et honorée
par les religieux du pays jusqu’à sa mort le 21 Ragab 665 de l’hégire (17 Avril
1257) où la plupart des Ulémas de l’époque furent présents à ses funérailles.
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