Il est de
plus en plus courant, dans les pays du printemps arabe qui viennent de sortir
de la dictature ou de l’autoritarisme, de créer des
commissions de vérité appelée à siéger pendant la période transitionnelle. Ces commissions qui sont des organismes
d’enquête officiellement approuvés et à caractère temporaire, se voient
attribuer un laps de temps relativement court pour recueillir des dépositions,
mener des enquêtes, faire des recherches et revisiter l’histoire avant de
terminer la tâche par la
publication d’un rapport final qui offre une certaine possibilité d’explication
du passé basé sur l’investigation des documents et des témoignages. En effet, les commissions de vérité se
préoccupent de milliers de victimes et s’efforce de déterminer l’importance et
les caractéristiques des violences commises sous la dictature, ainsi que les
causes et les conséquences. L’objectif essentiel de ce type de commission est
de savoir pourquoi et comment s’est produit certains événements qui peuvent
s’avérer tout aussi important que la description précise de la matérialité des
faits. C’est pourquoi le travail des commissions de vérité est historique, au
sens philosophique du terme, puisqu’il aide la société à comprendre et à
reconnaître un passé contesté et à porter à la connaissance de la société
civile les témoignages et les récits des victimes souvent restés à l’insu de la
dynamique sociale quotidienne. Ce type
de commissions de « vérité » constitue un élément de base dans la
gestion globale de la justice transitionnelle surtout si on arrive à établir
une volonté d’indépendance opérationnelle qui se traduira au niveau de la
coopération des pouvoirs publics pour permettre à la commission d’accéder aux
documents officiels. En plus, le pouvoir exécutif devrait fournir à ce type de
commission les archives qui se rapportent à ses enquêtes, notamment les documents
liés aux actes de tortures et d’atteinte aux droits de l’homme. Le soutien dont
bénéficie le travail de ces commissions doit être assorti d’une indépendance
opérationnelle car la confiance publique à ce type de mission dépend de
l’aptitude de cette dernière à mener à bien sa tâche en dehors de toute
ingérence politique et hors des influences idéologiques qui peuvent manipuler
les données des enquêtes vers une telle ou telle interprétation. Ces remarques doivent s’attacher à deux
objectifs d’égale importance : développer la compréhension des mécanismes
qui ont permis à la dictature de survivre on fournissant les documents
nécessaires et essayer de reconstruire un nouveau modèle de société basé sur le
respect des droits de l’homme et sur le pluralisme.
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