Événement historique, décisif dans
notre existence, acte fondateur marquant le début de la citoyenneté ; la
Révolution Tunisienne n’est pas uniquement un mouvement de protestation bien
encrée dans le temps et dans l’espace. Elle est plus de ça car elle est
l’initiatrice d’une nouvelle ère, celui du refus de l’indifférence, de la
corruption et de la manipulation. La mobilisation tunisienne a libéré les
forces vives de la société pour dire « dégage » au régime autoritaire
et oligarchique qui a dominé la Tunisie depuis une vingtaine d’années. On a
alors assisté à un changement radical dans les mécanismes politico-étatique pour
s’ouvrir sur la culture du pluralisme et de liberté, et pour dépasser
soudainement les frontières de la peur pour plier le despote. Le mouvement
révolutionnaire tunisien, brusque et non violent, a montré que tout est
possible et que l’histoire est en marche pour la Tunisie comme pour tout le
monde arabe. En effet, ce qui étonne au
premier regard jeté sur l’itinéraire révolutionnaire tunisien, c’est que dans
ce grand mouvement des forces vives de la société, on ne distingue pas une
figure qui domine seule toute la scène. Le peuple-roi n’a pas connu son
Cromwell au contraire le peuple-roi parlait avec éloquence pour dire
« non » à la dictature et à la « mentalité féodale » et
pour dire « oui » à la liberté. En effet, toute réflexion sur le
processus révolutionnaire en Tunisie doit commencer d’abord par comprendre les
contestations, commencées dès les événements du Bassin minier en 2008, contre
l’autorité en place. Ces mouvements de protestations ont façonné l’attitude
publique tunisienne et ont inauguré le passage de l’existence virtuelle à
l’existence socialisée des jeunes tunisiens ce qui constitue une illustration
symptomatique de la soif de la liberté. Ainsi
se forment la pratique sociale de la politique. Cette perception se traduit par
les nouveaux espoirs, les nouvelles attentes, mais aussi par les craintes et
parfois par les déceptions. En effet, le
travail pour la définition d’un avenir commun est le sens profond du mouvement
révolutionnaire en Tunisie. Les aspirations à un avenir meilleur n’échappent
pas à trouver la solution adéquate pour forger un « modus vivendi »
entre les tunisiens. Néanmoins, les termes habituellement employés par les
politiciens sont chargés d’un contenu affectif qui traduit le parti pris
militant de leurs utilisations d’une terminologie de paix sociale. À ce niveau, il n’est pas inutile de renouveler
le vocabulaire politique relatif à la question de la société tunisienne
postrévolutionnaire. L’emprunt ou
l’innovation dans ce domaine suppose en effet la modification de certains
pratiques sociopolitiques, sinon l’altération du modèle originel qui a servi de
référence à la mise au point d’une nouvelle structure basée sur le fond
philosophique de la révolution,
c'est-à-dire sur les principes de l’égalité, de dignité et de la justice. C’est
ce lien de parenté avec cet idéale qui nous permet de repérer les indices de
déformations et de prendre les mesures des convergences autant que celles de
divergences qui devaient coïncider avec les intérêts suprêmes de la
nation. Pour ce faire, il serait bon que
les Tunisien redécouvrent et réconcilient avec la modernité loin des effusions
passionnées et craintives car la Révolution tunisienne a vu naître des
mouvements de résistance politico-intellectuelle revendiquant la citoyenneté
constructive, l’autonomie de l’individu et sa raison d’être. La liberté, l’égalité
et l’État de droit étaient à la fois les objectifs, les fins d’une opération et
les moyens pour lancer un nouvel espoir d’émancipation au nom du progrès et du
bonheur pour tous.
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