Mohamed Brahmi a été assassiné devant chez lui, le 25 juillet 2013, pour
avoir voulu s’exprimer librement dans sa Tunisie postrévolutionnaire. Il a été
tué au nom de l’intégrisme et par des intégristes. Des fanatiques religieux qui
n’ont rien à voir avec la religion, la vraie, la pure, la tolérante. Il s’agissait de quelques excités, marginaux
dont on aura vite fait de se débarrasser afin de permettre à la révolution de
suivre son chemin : c’était le discours officiel dominant après la
tragique disparition de député. On a même essayé, au niveau des autorités
locales et pendant un bref moment, d’amorcer une opération de manipulation mais
cela n’a duré qu’une brève période car 24 heures plus tard, lorsqu’il a fallu
tenir le meeting de protestation contre la montée de l’intégrisme, le pouvoir a
encore montré son vrai visage et ses troupes d’élite qui appartiennent à la ligue
de protection de la révolution ont une fois de plus fait leur petite
démonstration. Avec le recul, il
apparaît que le problème de la montée de l’intégrisme dans la Tunisie
postrévolutionnaire est dû à la politique suivie par la Troïka depuis plus de deux
ans. En effet, les islamistes se sont efforcés de « resocialiser » l’espace
publique. En Tunisie comme en Égypte, c’est le clergé intégriste, souvent
soutenu par des jeunes de bas niveau, qui va assurer ce travail de resocialisation à partir
des mosquées ou encore à travers le travail associatif. Tout cela se fait
dans une ambiance de « puritanisme » qui souligne
« l’hérésie » supposée de la société ! L’analyse conceptuelle prouve que les
islamistes s’appuient sur une religiosité populaire mal encadrée ce qui ouvre
la voix devant des anciens délinquants pour se faire imâms bénévoles dans les
mosquées mal desservies. Ainsi, les frontières se brouillent entre un bas
clergé habituellement coopté par les communautés de base et les intégristes
devenus maîtres autoproclamé qui
investissent l’espace public délaissés par l’État. Néanmoins, la réaction des intellectuels face à la montée de l’intégrisme a démontré que la lame ne réussit pas à faire taire la plume. Il y va de la
survie de tout un peuple qui refuse le diktat de l’intégrisme. Grâce à un
peuple qui continue à fonctionner au quotidien, les intégristes seront exclus
de l’espace publique dans le but de réaliser le rêve révolutionnaire à savoir une société démocratique, tolérante et plurielle.
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