samedi 28 septembre 2013

Le printemps arabe face au volcan de l’intégrisme



Mohamed Brahmi a été assassiné devant chez lui, le 25 juillet 2013, pour avoir voulu s’exprimer librement dans sa Tunisie postrévolutionnaire. Il a été tué au nom de l’intégrisme et par des intégristes. Des fanatiques religieux qui n’ont rien à voir avec la religion, la vraie, la pure, la tolérante.  Il s’agissait de quelques excités, marginaux dont on aura vite fait de se débarrasser afin de permettre à la révolution de suivre son chemin : c’était le discours officiel dominant après la tragique disparition de député. On a même essayé, au niveau des autorités locales et pendant un bref moment, d’amorcer une opération de manipulation mais cela n’a duré qu’une brève période car 24 heures plus tard, lorsqu’il a fallu tenir le meeting de protestation contre la montée de l’intégrisme, le pouvoir a encore montré son vrai visage et ses troupes d’élite qui appartiennent à la ligue de protection de la révolution ont une fois de plus fait leur petite démonstration.  Avec le recul, il apparaît que le problème de la montée de l’intégrisme dans la Tunisie postrévolutionnaire est dû à la politique suivie par la Troïka depuis plus de deux ans. En effet, les islamistes se sont efforcés de « resocialiser » l’espace publique. En Tunisie comme en Égypte, c’est le clergé intégriste, souvent soutenu par des jeunes de bas niveau, qui va assurer ce travail de resocialisation à partir des mosquées ou encore à travers le travail associatif. Tout cela se fait dans une ambiance de « puritanisme » qui souligne « l’hérésie » supposée de la société ! L’analyse conceptuelle prouve que les islamistes s’appuient sur une religiosité populaire mal encadrée ce qui ouvre la voix devant des anciens délinquants pour se faire imâms bénévoles dans les mosquées mal desservies. Ainsi, les frontières se brouillent entre un bas clergé habituellement coopté par les communautés de base et les intégristes devenus maîtres  autoproclamé qui investissent l’espace public délaissés par l’État. Néanmoins, la réaction des intellectuels face à la montée de l’intégrisme a démontré que la lame ne réussit pas à faire taire la plume. Il y va de la survie de tout un peuple qui refuse le diktat de l’intégrisme. Grâce à un peuple qui continue à fonctionner au quotidien, les intégristes seront exclus de l’espace publique dans le but de réaliser le rêve révolutionnaire à savoir une société démocratique, tolérante et plurielle.  


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