D’une diversité
et d’une richesse remarquable, le patrimoine tunisien est un important facteur
d’identité et un élément précieux de notre cadre de vie, mais sous la
multiplication récente des formes de patrimoine, subsiste une remarquable
constance de cette notion. Qu’est ce en effet que le patrimoine ? L’étymologie
(patrimonium, ensemble des biens appartenant
au père) et toutes les définitions classiques le rattachent à l’héritage mot
qui sert d’ailleurs à le traduire en anglais. Dans ces définitions, le
patrimoine est ce qui se transmet d’une génération à l’autre. Dans notre
société errante, que ne cessent de transformer la mouvance et l’ubiquité de son
passé, le patrimoine historique est devenu un des maîtres mots de la tribu
médiatique postrévolutionnaire. En effet, le transfert sémantique subi par le
mot depuis l’indépendance jusqu’aux nos jours signale l’opacité de la chose.
Ainsi, le patrimoine historique et les conduites qui y sont associée se
trouvent pris dans des strates de significations dont les ambiguïtés et les
contradictions articulent et désarticulent deux mondes et deux visions du
monde. Le culte rendu aujourd’hui au patrimoine historique appelle donc mieux
qu’un constat de satisfaction. Depuis
plus de quatre ans, la mise en œuvre des politiques publiques du patrimoine se
réalise par des instruments normatifs qui traduisent leur appréhension et leur
saisie par le droit. Les différents outils institutionnels, conventionnels,
législatifs et réglementaires contribuent dans une large mesure à la conservation
et la valorisation du patrimoine nationale. La protection concerne bien le
patrimoine matériel (sites archéologiques, musées, expositions…) et le
patrimoine immatériel (musique et chant traditionnelle, artisanat tunisien…) .
La nature et le contenu des dispositifs de protection, qu’elle soit mise en
œuvre aux niveaux national ou régional procèdent de paramètres et se réfèrent à
des objectifs divers mais convergents, parmi lesquelles les problématiques
identitaire et patrimoniale occupent une place souvent déterminante. Elle doit
en outre prendre en compte la spécificité des milieux comme des sociétés, et la
relation des populations et des communautés à leur patrimoine, aussi bien reçu
que construit. Le droit tunisien s’est intéressé tardivement à la protection du
patrimoine et à sa conservation, à travers une démarche formelle qui ne s’est
que progressivement distinguée des disciplines juridiques classiques, pour
finir par s’en démarquer, tout en demeurant largement en relation avec
celles-ci. La saisie par le droit des questions patrimoniale, dans leurs
dimensions culturelle et scientifique, et la formulation normative des réponses
à y apporter ont fait écho au souci de concevoir et de mettre en œuvre des
instruments aptes à satisfaire à des objectifs de protection. Ceux-ci doivent être
à appréhendés et interprétés par référence à une vision sociétale du
patrimoine, et répondre aux données socioculturelles de sa perception par les
populations comme par les institutions spécialisées. La construction
diachronique d’une protection juridique pertinente, en termes de durabilité
notamment, va progressivement conduit le droit positif à prendre en compte
l’ensemble du patrimoine national.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire