samedi 5 janvier 2013

La Révolution comme enquête de vérité




 Il est de plus en plus courant, dans les pays du printemps arabe qui viennent de sortir de la dictature ou de l’autoritarisme, de créer des commissions de vérité appelée à siéger pendant la période transitionnelle. Ces commissions qui sont des organismes d’enquête officiellement approuvés et à caractère temporaire, se voient attribuer un laps de temps relativement court pour recueillir des dépositions, mener des enquêtes, faire des recherches et revisiter l’histoire avant de terminer la tâche par la publication d’un rapport final qui offre une certaine possibilité d’explication du passé basé sur l’investigation des documents et des témoignages.  En effet, les commissions de vérité se préoccupent de milliers de victimes et s’efforce de déterminer l’importance et les caractéristiques des violences commises sous la dictature, ainsi que les causes et les conséquences. L’objectif essentiel de ce type de commission est de savoir pourquoi et comment s’est produit certains événements qui peuvent s’avérer tout aussi important que la description précise de la matérialité des faits. C’est pourquoi le travail des commissions de vérité est historique, au sens philosophique du terme, puisqu’il aide la société à comprendre et à reconnaître un passé contesté et à porter à la connaissance de la société civile les témoignages et les récits des victimes souvent restés à l’insu de la dynamique sociale quotidienne.  Ce type de commissions de « vérité » constitue un élément de base dans la gestion globale de la justice transitionnelle surtout si on arrive à établir une volonté d’indépendance opérationnelle qui se traduira au niveau de la coopération des pouvoirs publics pour permettre à la commission d’accéder aux documents officiels. En plus, le pouvoir exécutif devrait fournir à ce type de commission les archives qui se rapportent à ses enquêtes, notamment les documents liés aux actes de tortures et d’atteinte aux droits de l’homme. Le soutien dont bénéficie le travail de ces commissions doit être assorti d’une indépendance opérationnelle car la confiance publique à ce type de mission dépend de l’aptitude de cette dernière à mener à bien sa tâche en dehors de toute ingérence politique et hors des influences idéologiques qui peuvent manipuler les données des enquêtes vers une telle ou telle interprétation.  Ces remarques doivent s’attacher à deux objectifs d’égale importance : développer la compréhension des mécanismes qui ont permis à la dictature de survivre on fournissant les documents nécessaires et essayer de reconstruire un nouveau modèle de société basé sur le respect des droits de l’homme et sur le pluralisme.

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