vendredi 15 mai 2020

Dido of Carthage Through the Eyes of Some Western Classical Artists



The History of Carthage has fired the imaginations of writers and artists since the Renaissance, because of the city’s heroic resistance to the Romans. Many tried to depict or describe episodes from Carthage’s past without any knowledge of North African’s History. The sources they consulted were firt and foremost roman texts such as Virgil’s Aeneid and Livy’s History of Rome. They also drew on biographies of the protagonists by the Greek writer Plutarch, which were widely disseminated throughout Western Europe. For many centuries, sources illuminating the Punic side of events were entirely absent.
Part of the appeal of Dido, Hannibal Barcca, Sophoniba and others who were involved in the wars between Rome and Carthage was the exoticism of these women and men, who were sometimes portrayed as dark-skinned North Africans and who were nonetheless capable of wreaking havoc among the forces of the noble Romans. Among the Carthaginian heroes, Dido occupies an important place in the Western artistic imagination. She was the mysterious queen who succeeded in detaining Aeneas at her court until the gods sent their messenger, Mercury, ordering him to return to Italy. She was clever, beautiful and alluring, as courageous as man, and she consequently possessed almost superhuman gifts. She could serve as an example to kings and queens alike, but she was also described in the sources as an immoral and perverse temptress and a suicide. Dido’s Carthage would later become the powerful opponent of Arenea’s descendants. The Queen cursed the future Rome as she burned at the stake.
Dido was seen as equal of rulers and soldiers of military fame. She built a city, fought against the surrounding tribes, and went hunting, all supposedly male activities. Aeneas broke into this happy pioneering world, and his passion seems initially to have enriched it. One of the high points in their stormy relationship which a torrential downpour and thunderstorm force them to take shelter in a cave. The two are in every respect a match of other, and in the sketch produced by many Western’s artists, like Romeyn de Hooghe (1645 – 1708), Dido wears a suit of armour over her royal robe. This is a highly atmospheric sketch, with its sarcophagi bearing imaginary inscriptions in Greek. Dido’s assistant Anna withdraws discreetly, and the heroes have laid their weapons aside.
Her counterpart, Aeneas, was generally described in glowing terms, despite his weakness in succumbing to Dido’s charms. His first meeting with Dido was sometimes depicted in cycles of painting or tapestries, such as the series made for the negotiations of the Peace of Nijmegen in 1678. The pictures were reproduced in cheap copies. Crispijn van de Passe’s series consisted of at least thirteen prints. It is clear from the caption to the anonymous classicist print dating from around 1700 that Aeneas is also depicted here as devious. He plays the gallant when the queen meets him in the harbor or in her throne room, but meanwhile he pursues his own goals. For Dido, the future has only death in store.
Aeneas’s entrance into Carthage is in itself a miraculous event. Giambattista Tiepolo (1696-1770) depicts Venus showing Aeneas and Achates the way of the city, in his sketch for a ceiling painting. She is sitting on a cloud that obscures Aeneas’s fleet. In the print by Simon Thomassin (1655-1733), two lines from Aeneid clarify the castaways, and after he has spoken, Aeneas appears to descend from the cloud. Dido’s throne is in front of some building that are under construction; on the left, a labourer is busying himself with a marble column. The 18th century fan depicts the same scene; for its erudite owner, the allusion to the storm in which Aeneas appears may have been a delightful association with the fan that cooled her brow, and that was furthermore an important instrument in lovemaking. All these scenes emphasize the contrast between Aeneas’s fiery temperament and Dido’s restraint.   
The Dutch tragedy of « Didoos doot », written in 1668 by Andries Pels (1655-1731), served in turn as a source of inspiration well into the 18th century, when the play was still being performed. In a print by Simon Fokke (1690-1775), dating from 1758, Dido in burning at the stake in front of canal house, while Aeneas is depicted as a modern burgher, complete with the long wig that was fashionable at the time. The aim was probably to ridicule Pels’s play, which was regarded as pompous. The scene included several mirror characters: a urinating figure of Amor, Dido’s wet nurse Anna in the doorway. None of the artists who produced any of these painting or prints made the slightest effort to portray Carthage or Dido as foreign. The architecture is classicist, and the characters’ dress is quasi-Roman, probably based on stage costumes.
When we look at the image of Dido through Classical Art, it is striking that she always served as example of beauty, virtue, bravery and courage.

mercredi 13 mai 2020

Tunisie : Reconstruction économique et patrimoine historique dans le contexte post-Corona




Le patrimoine historique de la Tunisie, plus que jamais, est au cœur de l’actualité et soulève débats et passions. Peu surprenant pour un secteur qui touche aux cordes sensibles de l’appartenance, de l’identité et de la mémoire collective. Il est tout autant partie prenante des grandes luttes à l’échelle mondiale pour la défense de la diversité culturelle que des revendications territoriales des citoyens sur la scène locale. Il est nécessaire, dans notre contexte de pandémie, de se questionner sur la place réelle du patrimoine dans la relance économique du pays et sur la motivation des différents acteurs qui en revendiquent la protection et la mise en valeur.
Le patrimoine historique tunisien tel qu’on l’entend ici n’a plus beaucoup à voir avec le monument historique isolé et l’objet de contemplation auxquels il faisait référence il y a quelques décennies. Il renvoie aujourd’hui à un espace culturel riche en significations historiques que les citoyens s’approprient et transforment pour façonner leur milieu de vie. Il est le territoire de référence où se jouent les enjeux du développement local et régional. Alors que l’on tente d’asseoir la revitalisation des communautés sur les forces du milieu et sur sa capacité d’innovation, le patrimoine émerge comme une ressource précieuse. Il est à la fois cadre de vie, repère identitaire et gisement économique.
L’éclatement de la notion de patrimoine et son rapprochement avec le quotidien des citoyens ont considérablement modifié la façon de l’appréhender. Il est devenu pratiquement impossible pour le ministère de la culture de protéger l’ensemble des biens et des territoires pouvant receler un intérêt patrimonial. Peu à peu, des individus, des associations puis des corporations municipales se sont intéressés à ces composantes de leur environnement pour leurs valeurs historique, touristique ou symbolique.
Depuis quelques années, l’observation des démarches de développement local met en évidence une forte mobilisation des objets patrimoniaux dans la construction des projets de territoire. Dans la lignée des parcs archéologiques qui placent le patrimoine au centre de leur démarche territoriale, quelques municipalités, telle que celle Carthage, de Haïdra ou de Dougga, intègrent dans leurs actions une dimension patrimoniale croissante. L’examen des procédures de développement local confirme ce constat. Après avoir été considéré comme un outil de conservation, puis comme un élément essentiel de constitution de la nation, le patrimoine est devenu ressource pour le développement régional. Cette nouvelle situation pose alors la question des enjeux, des formes et des logiques de cette prolifération patrimoniale au regard des dynamiques territoriales. Dans un contexte de concurrence généralisée entre les territoires, la qualité et l’innovation apparaissent comme des moteurs essentiels de la compétitivité. Associé à d’autres objets, le patrimoine leur confère des qualités spécifiques qui en font des ressources territoriales. En résulte alors une possibilité de distinction des produits sur des marchés ouverts. De même, l’innovation territoriale porte fréquemment sur de nouveaux modes d’articulation d’acteurs d’origines très diverses autour de la construction et de l’usage de ces ressources. Ainsi, en prenant part aux dynamiques territoriales, le patrimoine acquiert un statut et une force renouvelés. Il permet en retour aux territoires d’asseoir leur légitimité. Mais si les logiques en œuvre sont dominées par des processus de transmission, qui se traduisent par un travail de sélection opéré par des acteurs territorialisés, la question des intentionnalités qui conduisent à ces choix reste présente. Plus largement, cela nous renvoie à l’observation du rapport à la continuité et au changement ainsi qu’à sa gestion par les territoires. Face à ces mouvements massifs de mobilisation du patrimoine dans des projets de développement local, il nous semble donc pertinent de poser la question de l’émergence d’un modèle développement alternatif, en rupture avec un mode de développement où la productivité caractérisait la compétitivité et où l’innovation était exogène aux territoires. L’hypothèse que nous proposons repose sur l’idée que le patrimoine constitue une dimension essentielle de la ressource territoriale et que sa mobilisation traduit l’émergence d’un mode de développement territorial spécifique. Fondamentalement construit sur l’impératif de durabilité et de renouvellement de la ressource, ce mode de développement, que nous qualifierons de patrimonial, se démarque pourtant du développement durable. Ce dernier est alors pensé comme une forme intermédiaire entre le mode productiviste et le mode patrimonial que nous tentons de caractériser. Ils nous sont donc apparus comme un matériau intéressant pour appréhender la réalité de ce que peuvent être le développement régional post-Covid.
Pour tenir compte du caractère des opérations de valorisation qui peuvent être entreprises dans le contexte post-Covid, la notion de valorisation économique se réfère à des formes très diverses, marchandes ou non-marchandes, qui vont de la visite libre à l’offre de prestations de services payantes comme la restauration ou l’organisation de séminaires, en passant par la vente de produits d’inspirations patrimoniales (« Mergoum », « Klim », potières…) pour arriver aux services d’accompagnement des visiteurs (guides, interprètes, transporteurs…). Chacun donc peut constater que le patrimoine local est apte de confirmer sa vocation à être le support d’une activité économique à part entière, capable de générer des revenus et des emplois, et de contribuer à l’image et à l’attractivité de la Tunisie profonde, dans un contexte où chaque territoire, en concurrence avec l’autre, cherche à renforcer ses spécifiés propres. Les régions rurales sont largement concernées par ces démarches, à la fois parce qu’elles ont besoin de trouver des substituts à leurs activités traditionnelles en difficultés et parce qu’elles disposent d’un patrimoine important et valorisable. Les initiatives existent d’ailleurs mais elles restent encore timides et limitées dans l’espace. La consommation et la production des services issus de ce patrimoine peuvent facilement renforcer les autres initiatives industrielles et/ou agricoles. C’est pourquoi la présence d’une stratégie nationale claire et méthodique en ce domaine peut être à l’origine d’un taux de croissance à deux chiffres dans ces régions jusqu’à maintenant oubliées. Pour qu’il en soit ainsi, l’action collective, le plus souvent animée ou coordonnée par les pouvoirs publics, est indispensable pour faire converger les actions des divers acteurs vers une plus grande valorisation de ce patrimoine local. Mettre en valeur le patrimoine historique, folklorique et immatériel de la Tunisie profonde peut aussi offrir la possibilité aux PME d’en retirer des retombées ou d’y puiser les savoir-faire et les références nécessaires à l’innovation. Pour les collectivités territoriales, ça peut être une façon de donner une image positive à leur territoire et d’améliorer le cadre de vie. Ainsi tout processus de développement économique et social d’un territoire doit être fondé sur ses caractéristiques propres issues de sa nature et de son histoire et ne saurait répondre à un modèle général importé. De même, pour être un facteur de ce développement, le patrimoine doit être pleinement reconnu ainsi par sa population et non seulement identifié comme tel de l’extérieur. Mais cette condition nécessaire n’est pas suffisante. Encore faut-il, dans un contexte de ressources rares, que l’apport attendu de sa valorisation soit jugé égal ou supérieur à celui d’autres projets économiques et sociaux. Confrontés à la concurrence de ces derniers pour leur financement, les porteurs des projets patrimoniaux doivent démontrer une valeur supérieure. Malgré ses difficultés et ses limites, le calcul économique de cette valeur joue donc un rôle essentiel. Mais, vu la diversité des situations concrètes, aucune méthode ne saurait s’imposer a priori. Seule une grille générale d’analyse peut être légitimement proposée pour servir de guide dans chaque cas particulier.