vendredi 8 février 2013

Unissons-nous contre la violence


                           À la mémoire de Chokri Belaïd


                                                  
La violence est un phénomène parmi les plus dangereux qui commence à envahir la scène publique tunisienne postrévolutionnaire. Dans cette nouvelle atmosphère sociopolitique, on commence à parler des transformations qui marquent le comportement quotidien vers un glissement à la violence verbale, morale et physique.   Mais en même temps, ce qui frappe les esprits, c’est le fait que ces changements ont lieu d’une manière très rapide et dans une société qui se veut plus pacifique, dans une société qui se veut pluraliste et démocratique, ce qui nous obligent à poser au moins trois questions capitales :
  * A-t-on affaire à une nouvelle pratique socio-culturelle qui commence à s’installer ?  
    * A-t-on enjeu à  un nouvel défi social ?
   * Quelle image de la révolution tunisienne la violence que l’on dit « nouvelle » donne-elle ?
En effet, les ferments de la cruauté humaine se situent vraisemblablement dans la nature. Elle découle sans doute de certains comportements préhistoriques et a-historque. Dans les deux cas, l’organisation psychique semble la même : un instinct agressif doublé d’une absence de rationalité et une surcharge narcissique. 
Dans la philosophie moderne de la violence, depuis Thomas Hobbes à Max Weber, l’État est la seule institution qui se rend maîtresse du monopole de la violence pour protéger les individus des agressions réciproques et interminables.  Suivant cette optique tous recours à la violence par les individus, pour servir leurs intérêts ou leurs passions, devins hors la loi ; c'est-à-dire illégitime.  Ce qui nous amène à dire, que suivant cette optique, la violence politique est le terrain d’une condamnation systématique dans la société. À première vue il semblerait aujourd’hui que les condamnations morales de ce type de pratique soient devenues quasi unanimes dans notre contexte historique actuel mais il conviendrait pourtant de ne pas oublier un proche passé marqué par les agressions contre les opposons politique et contre les mausolées des saints. Le risque d’un virage vers une situation d’anarchie violente et incontrôlée est présent et menaçant. Néanmoins, il faut noter à ce titre, que le recourt à la violence traduit une grande faiblesse éthique qui ne peut pas éliminer le règne du rationalisme constructif.
Les sociétés démocratiques tendent de plus en plus à considérer la violence comme un échec politique et sociale. Maintenant, la société tunisienne doit considérer ce type de conduite comme inutile, dangereux et condamnable.  Il y là assurément un véritable danger, le danger d’un double cynisme : celui des usagers de la violence quand ils ne distinguent plus entre criminalité et sécurité publique et entre anarchie et ordre social.  Les enjeux sont grands mais l’intellengicia tunisienne est capable de dépasser cette crise pour instaurer un nouveau contrat social basé sur le pluralisme, la démocratie et l’État de droit.         


    

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