dimanche 27 avril 2014

Patrimoine et développement dans la Tunisie postrévolutionnaire




La mobilisation de la société tunisienne, depuis janvier 2011, autour des objectifs de réduction de la pauvreté est largement centrée vers la mise en place de services de base et privilégie le financement des secteurs sociaux traditionnels, tels que la santé et l’éducation. Cette approche, pour mobilisatrice qu’elle soit, passe cependant à côté d’autres facteurs déterminants pour la réduction durable de la pauvreté.  Jusqu’à ces vingt dernières années, le patrimoine culturel a rarement été considéré comme un facteur possible de développement. Le patrimoine est à l’image d’une ressource économique non renouvelable, un domaine sensible et fragile. Sa protection, sa réhabilitation et sa sauvegarde relèvent d’un enjeu collectif. Là où chacun ne pensait qu’à son pas de porte, l’aménagement d’un patrimoine urbain valorisable amène à penser la rue, le quartier et la ville comme des espaces communs. D’où la nécessité d’une action reposant sur la contribution de tous à la pérennisation des biens publics locaux. Une opération de réhabilitation du patrimoine ne peut nourrir le développement que si elle sert, d’abord, les intérêts des populations. Depuis plus de deux ans, le thème de la mise en valeur patrimoine et de sa sauvegarde apparait comme une préoccupation de plus en plus forte de la société tunisienne postrévolutionnaire.  De nos jours, la prise de conscience de l’importance de la transmission du patrimoine et de sa sauvegarde et illustre le rôle essentiel du domaine patrimonial dans la politique du développement régional. Les sites archéologiques constituent une référence intangible à l’identité des communautés. Mais ils appartiennent aussi à tous les peuples du monde. Ils dépassent le territoire sur lequel ils sont situés, ce qui rend exceptionnel le concept de patrimoine historique de la Tunisie. Ainsi, le patrimoine culturel et naturel tunisien apparaît comme source irremplaçables pour le développement économique du pays mais aussi comme une source d’inspiration pour les artistes et les intellectuels. Néanmoins, le citoyen doit prendre désormais conscience des ravages que peut entraîner un développement économique non maîtrisé et que matérialisent une exploitation excessive des ressources naturelles, d’espace naturel et des sites archéologiques. Le patrimoine, et de manière générale le domaine culturel, apparaissent comme des sujets d’importance secondaire pour les politiciens mais contrairement à cette vision statique de nos politiciens le lien entre patrimoine et développement semble étroit. Le tourisme, par exemple, constitue en quelque sorte la manifestation marchande d’un processus plus profond, dont l’un des points essentiels est la considération portée au capital dont disposent les populations locales. Ce capital peut être historique (sites archéologique, monuments, musées), naturel (faune, flore, paysages) ou culturel (traditions locales, artisanats, spécificités régionales). Comment penser que l’on peut bâtir un processus durable de développement sans entretenir et valoriser ces différentes formes de capital ? Dans ce domaine, le rôle joué par les institutions est déterminant. Qu’il s’agisse de patrimoine historique, culturel ou naturel, l’exploitation ne se fait pas toujours spontanément au service du développement : elle peut servir les intérêts de quelques-uns et conduire à des phénomènes de rente. Elle peut aussi, selon le mécanisme du « syndrome hollandais », faire monter les coûts locaux et détériorer la compétitivité de l’économie. Plusieurs expériences peuvent apporter un éclairage intéressant sur les liens entre la croissance et la préservation du capital historique et culturel afin de lancer une ambitieuse politique de développement régional.

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