lundi 20 octobre 2014

Les realia postrévolutionnaires et les enjeux électoraux en Tunisie



Les temps que nous vivons incitent aux examens de conscience. En effet, il est méritoire de s'essuyer les pieds avant de franchir le seuil du temple de la révolution mais il faut tout de même, à un moment, suspendre cet exercice purificatoire, et se décider à entrer pour atteindre notre « révolution de jasmin », notre Tunisie, contestées, divisées, mais encore en plein vie et qui demande qu’on sauve ses valeurs révolutionnaires et sa civilisation pour se borner à les passer au crible de l’esprit critique, et, comme on dit volontiers aujourd'hui, à les repenser, au lieu de les décrire. Malgré tout les problèmes, nous ne pouvons pas, n'être pas attentifs à cette évidence qu'est la transformation de l'État, dans ses tâches et dans ses structures; l'ampleur du phénomène, l'accélération de son rythme, nous arrachent au « confort intellectuel ». Les faits nous imposent une incessante remise en question des constructions et des catégories politiques dans lesquelles nous avons été nourris. Ce n'est pas là une simple nécessité de l'intelligence, mais bien une obligation pratique puisque l'insertion dans l’espace public des formes nouvelles de l'action du pouvoir ne peut se réaliser qu'au prix d'un perpétuel réajustement du système mit en place depuis plus de trois ans. Ce qu'on appelle en Tunisie la crise de la « transition démocratique » et en réalité la crise de l’élite politique et intellectuelle du pays. Notre système révolutionnaire a achevé de préciser ses grandes lignes depuis la chute de l’Ancien Régime. Il est né dans une société en action et en mouvement. Depuis lors, les temps ont changé, mais l’ancien système, dans ses lignes essentielles, demeure encore ! Comment ne pas nous demander, dès lors, dans quelle mesure il a conservé sa vivacité ? Comment ne pas nous demander si, en le professant, en le défendant, nous ne nous acharnons pas à prolonger par des étais fragiles la durée d'une vieille maison déjà condamnée, à retarder un inévitable écroulement, à maquiller un cadavre ? L’effondrement de l’Ancien système a activé une nouvelle littérature politique basée sur un utopisme flagrant. À l’époque, la Tunisie était en proie aux autoritarismes néo-révolutionnaire et technocratique. Ainsi, après quelques moments d’instabilité, la nouvelle élite politique postrévolutionnaire optait pour un modèle pluraliste en instaurant le multipartisme puis en créant de toutes pièces les cultures et les pratiques d’une société démocratique. Néanmoins, cette réalité risque de se faire virer de nouveau vers les figures de l’Ancien Régime ! Démocratie ou Néo-autoritarisme ? Tel est la question qui s’impose une semaine avant l’enjeu électoral...

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